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Status: OngoingPrologueChapitre 1 >> Par un matin ordinaireChapitre 2 >> Névrose d’un sentimentalChapitre 3 >> Se séparer sans peine ni regrets et à la dernière minute aimerChapitre 4 >> Les regrets et les reprochesChapitre 5 >> Ton amour est mon doux remèdeChapitre 6 >> Le sens de la vieChapitre 7 >> Le désespoir de la funambuleChapitre 8 >> Doutes et contradictionsChapitre 9 >> Cauchemar d’une nuit d’été.Chapitre 10 >> Dilemme cornélienChapitre 11 >> Décision
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L'hélicoptère s'éloigna dans le soleil déclinant.La mine renfrognée Mike serrait les poings de résignation en colère contre lui-même, entouré d'une escorte policière.- Vous voilà les filles, qu'est ce qui se passe? S’exclama Jeff en accourant vers nous, en état de grande panique.- Demande à Emilie... grommela Jeanne. Trouve quelqu'un pour me remplacer ce soir, je vais me coucher j'en ai assez supporté pour aujourd'hui.Je me retrouvais façe à façe avec un Jeff à la fois inquiet et sérieux que je ne reconnaissais plus. J'eus l'impression que son regard me transperçait de l'intérieur, qu'il pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert, froid et lointain.- Je... n'ai rien fait de mal, excuse moi je... balbutiais-je avec un mouvement de recul involontaire.- Ne te cherche pas d'excuses, rétorqua t il sèchement. Steve est ton ami n'est ce pas? C'est donc à toi de payer les conséquences de tes actes. Ne reviens pas tant que tu ne l'auras pas retrouvé.Le visage enflammé, mal à l'aise rongée par le remords, je lui tournais le dos.- Emilie, regarde moi et dis moi la vérité.Les yeux au ciel, rivés sur le sillage étincelant de l'hélicoptère qui s'évaporait dans l'horizon, j'évitais ostensiblement son regard, de peur que mes joues écarlates mouillées de larmes ne me trahissent:- Je ne sais plus où j'en suis. Je n'en peux plus de voir les autres souffrir à cause de moi, d'abord David puis Steve... Shakespeare avait raison finalement quand il écrivait: "Etre ou ne pas être, telle est la question". Suis je capable d'aimer alors que j'ai de moins en moins d'emprise sur le cours de mon existence? J'ai travaillé d'arrache pied pour que mon père soit fier de moi, je me suis peu à peu éloignéee de David toujours pour lui faire plaisir, et il ne m'a jamais laissé le pouvoir de décider par moi-même de ce qui était bon ou mauvais pour moi. Ce n'est pas une vie, en tout cas pas la vie que j'espérais mener.Etonné que je trouve autant le courage de me confier, à lui de surcroît, Jeff se radoucit, se fendant d'un sourire réconfortant:- Parle moi d'amour.Je gardais le silence.L'écume de la marée montante vint me caresser les orteils.
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Je crus d'emblée à un canular mais le sens du message était clair, tranchant, sans appel.Je ne devais pas prendre ces menaces d'une évidente absurdité au sérieux, pourtant une pointe de culpabilité ne cessa de me tarauder alors que j'accomplissais mes tâches quotidiennes avec les gestes mécaniques d'un robot, les nerfs tendus comme des élastiques prêts à craquer à la moindre contrariété.Rapidement un dilemme cornélien s'imposa à moi: de celui que j'allais choisir entre David et Steve allait dépendre mon avenir, en meilleur comme en pire.Le soir venu je m'autorisai un détour par le centre de secourisme venue aux nouvelles mais je regrettai aussitôt mon geste tant les regards de mes anciens collègues pesèrent sur moi, dûment accusateurs. Un silence lourd de sens plombait l'atmosphère et je ne savais quoi dire ni que faire lorsqu'il fut rompu par un bip strident.Toutes les têtes se tournèrent vers le moniteur relié aux caméras de surveillance où un voyant écarlate clignotait à intervalles réguliers.A première vue rien à signaler mais en y regardant de plus près apparaissait en arrière plan un zodiaque qui traversait en zigzag le champ de la caméra, hors de contrôle.Accroché au moteur, semblable à une bouteille à la mer, un gilet de sauvetage flottait au gré des caprices du vent.- Suis-nous sans faire d'histoires !- Lâchez moi! J'ai rien à voir là-dedans !- Tu feras moins le malin après avoir été interrogé par les gars.- Cela ne me fait pas peur, le père d'une amie travaille dans la police.- Toute menace est inutile, on est arrivés.Loin des caméras, une minuscule crique se profile au creux de la falaise, dissimulée par les rochers où Steve est poussé sans ménagements, pieds et poings liés:- Je n'ai rien à vous dire.- Emilie, Geoffrey, Jeanne passez les plages des alentours au peigne fin. Vous autres poussez les recherches jusqu'au village, sait-on jamais... Bougez-vous il n'y a pas de temps à perdre! Assena Jefferson, notre chef d'équipe.Personne ne songea à rechigner et se prépara sans un mot.Les périmètres d'action furent équitablement répartis; alors que je louvoyais à travers les cabanes de pêche et les rochers amassés en criques, un sentiment de panique irrépressible m'envahit à la fois incontrôlable et incompréhensible.Au détour d'un banc de berniques, j'avisai un homme entre deux âges, habillé comme un pêcheur à pied mais armé jusqu'aux dents, visiblement aux aguets.Il se mit en garde mais une main gantée d'un poing américain arrêta net son geste. Mike, la dernière personne que je me serais attendue à rencontrer au fin fond de la Bretagne, apparut au détour de la falaise.De ses poches dépassaient un smartphone et un talkie-walkie:- Tu fais bien d'être là princesse, lança t il à brûle-pourpoint. Il faut que les choses soient tirées au clair une bonne fois pour toutes.- Je ne vois pas de quoi tu parles, rétorquais-je sèchement.- Amène toi tu vas comprendre ton malheur. T'inquiètes pas Roy, c'est une vieille connaissance laisse passer.Avec appréhension je le rejoignis sans délai, après quoi il me préceda dans une crique totalement isolée des caméras en bordure de falaise.Alors il se retourna brusquement et me saisit par le col de mon survêtement:- T'as l'argent, j'espère? Siffla t il.- Quel argent?- Ne joue pas à l'effarouchée, à partir de maintenant vos vies pourraient être mises en jeu.Il me relâcha avant d'ajouter:- Tout dépend de ta coopération.En suivant son regard j'aperçus Steve affaissé contre la pierre, inerte:- Que lui as-tu fait? Hoquetais-je, choquée.- Un peu arrogant mais il a fini par coopérer.Je ne l'écoutais plus, penchée au chevet de Steve. Son pouls était faible mais sa respiration régulière aussi semblait-il juste endormi, ou bien drogué:- On peut s'arranger je ne vais vider mes comptes en banque pour cautionner tes trafics, avançais-je prudemment.- Quitte ou double, soit t'as les 10 000€ soit tu les as pas, répliqua-t-il en s'approchant de nous.- Je ferais tout ce que tu voudras, mais accorde moi au moins un délai ! M’écriais-je en faisant rempart de mon corps pour protéger Steve.- Tu ne perds rien pour attendre....- Emilie? Appela soudain Jeanne, de loin.L'écho confondu de ses pas et de sa voix se rapprocha, elle parlementa quelques instants avec Roy puis déboula comme une furie dans la crique:- Qu''est ce que tu fous? Ca fait déjà plus d'une heure qu'on aurait du aller faire un premier rapport préliminaire à Jeff. Je te jure quand tu t'y mets... Pourquoi tu me regardes comme ça? Qu'est ce qui se passe ici au juste?Son regard passa alternativement de l'expression menaçante de Mike à moi-même accroupie telle un chat sauvage prêt à bondir puis au corps inerte de Steve qui avait glissé dans le sable:- Rassure-moi... ce n'est qu'un cauchemar je vais me réveiller et toute cette affreuse plaisanterie ne sera plus qu'un lointain souvenir...- Non justement ! m'exclamais-je. Et tu n'aurais pas dû venir...- Jeff se faisait du souci pour toi, il ne faut pas lui en vouloir.
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Sans but précis je courus comme jamais le plus loin possible de la soirée. Je ne fis halte seulement lorsque la marée m'empêcha d'avancer davantage.Là je m'assis les genoux remontés contre la poitrine et éclatai en sanglots. C'était tout ce qui me restait à faire pour apaiser mon coeur brisé, pourtant la douleur était toujours là, persistante comme pour m'exhorter à la raison.Elle me soufflait de m'en aller, de tout laisser tomber mais je ne pouvais m'empêcher de penser à David, aux bons moments que nous avions passés ensemble; et j'avais encore du mal à intérioriser le fait que notre séparation soit définitive.Tout lui expliquer? Oui mais en aurais je réellement le courage? Ils avaient tous du retourner au gite en minibus depuis longtemps et je n'avais aucun moyen de le ,joindre...- EMILIE !! Où es tu? cria quelqu'un en contrebas, me faisant sursauter.La voix de Steve. J'étais rassurée qu'il m'ait retrouvée car je ne me voyais pas dormir à la belle étoile dans les circonstances actuelles mais cela me conforta encore plus dans l'idée de partir d'ici au plus vite. Je ne voulais plus voir quiconque souffrir à cause des idées arrêtées de mon père sur l'amour.Cependant une vague maligne vint se briser inopinément contre le rocher sur lequel j'étais recroquevillée et me déséquilibra: mon pied dérapa et je glissai vers le bord sans pouvoir arrêter ma chute.Ma tête heurta violemment le sable durci du platin.Je perdis connaissance.Lorsque j'ouvris les yeux, l'aube commençait à poindre.Le fait que je sois allongée sur un lit de fortune ne m'alarma pas car il était plus que probable que Steve m'ait ramenée dans le cagibi exigu qui nous servait de chambre commune les soirs de patrouilles tardives.Ses rondes se finissaient toujours à huit heures, il ne me restait donc que cinq bonnes minutes à attendre et je lui proposerai d'aller prendre ensemble un dernier petit déjeuner avant de nous quitter.N'empêche, il m'avait sauvé la vie à deux reprises et me plaisait plus ou moins, surtout pour les longues conversations que nous tenions sur la vie et sur le monde pour tuer le temps entre deux tours de garde. Il était également séduisant pour ses manières délicates...Huit heures.Huit heures cinq.Personne et ce n'était pas vraiment son genre.Soudain mon portable vibra, brisant le silence.Qui pouvait m'appeler à cette heure-ci?Un MMS. Bizarre, cela était rare que j'en reçoive.Une vidéo, en pièce jointe.Je cliquai sur PLAY de plus en plus inquiète. Une voix déformée à l'hélium me parla:"- Si tu veux revoir ton ami vivant... la rançon est de 10 000€ ! Tu as trois jours, passé ce délai tu ne pourras plus rien pour lui !"
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Dave fut transféré par hélicoptère en urgence vers le CHU de Brest ainsi je ne fus pas autorisée à le suivre.Donc je passai la nuit dans le minuscule guet qui servait de chambre à Steve et repartis à l'aube par le premier train pour Paris.Les jours, les semaines, les mois passèrent sans que je sache exactement ce qu'il était advenu de mon bien-aimé. Son numéro de portable fut rapidement périmé et il ne répondait pas aux mails, pareils à des bouteilles à la mer, que je lui envoyai.Je devins en apparence une étudiante modèle cependant vide et brisée à l'intérieur: à mes yeux tout paraissait terne, monotone, sans vie.Tant et si bien qu'au bout du compte, je finis major de ma promotion sans trop savoir pourquoi ni comment, sans l'avoir réellement voulu: à la fois cela me plaisait et me faisait peur. D'un côté ma future carrière était indubitablement assurée. Mais de l'autre j'avais l'impression que ma vie était devenue comme une locomotive hors de contrôle qui viendrait de se mettre sur les rails d'une existence paisible et rangée car toute tracée d'avance.En acceptant de mener une mission d'intérim en tant que secouriste pour la saison à venir j'ignorais néanmoins que l'équilibre fragile qui me maintenait jusque là en vie allait de nouveau voler en éclats.Sans réfléchir j'avais répondu à l'annonce. L'offre était alléchante d'autant plus que le centre de secourisme demandeur avait installé son activité sur la côte bretonne.En lisant l'intitulé je m'étais dit qu'un mois de répit avant la reprise m'allait être bienfaiteur mais j'étais loin de me douter qu'il s'agissait du centre où travaillait Steve. J'avais vaguement entrevu une photo accompagnant l'offre d'emploi mais n'avais pas tilté même en lisant la légende qui vantait les mérites de leur fameux système de caméras.Il ne parut qu'à moitié heureux de m'entendre lorsque je luis appris la nouvelle par téléphone. Bien entendu il ne rechigna pas à ce que son patron m'engage d'emblée mais je sentis une certaine nervosité dans le ton légèrement acerbe avec lequel il me parla.Je lui fis part de mes soupçons, il me répondit que cela n'était qu'à cause du boulot mais j'eus aussitôt la désagréable impression qu'il me mentait délibérément et mon moral déjà à plat en prit un tel coup que je lui raccrochai au nez sans explication. Je devais me faire à l'idée: il me fallait soit reprendre pied soit aller consulter. Me sentant dès lors abandonnée de tous et par tous, de jour en jour ma dépression alla de mal en pis.Dans le TGV qui me mena en Bretagne j'eus à loisir suffisamment de temps pour dresser un bilan des sept derniers mois qui se révela peu flatteur: si je ne tentais pas davantage de m'en sortir j'allais à coup sûr finir de nouveau en psychatrie et ceci pour de bon.A ce stade je fus cependant tirée de mes pensées par l'arrivée d'un groupe de vacanciers gérés par un petit bout de femme aux cheveux multicolores habillée de fluo de la tête aux pieds. De prime abord je la jugeai excentrique mais je m'apercus qu'en réalité elle dirigeait tant bien que mal un groupe d'hospitalisés de toute sortes désireux de prendre des vacances loin de Paris au bord de la mer. Par solidarité je lui prêtais main forte pour en installer certains, rassurer d'autres qui n'avaient encore jamais pris le train.C'est ainsi qu'elle me proposa de l'assister dans son boulot d'auxiliaire de vie dès lors que nous arrivâmes à destination.Leur "patronne" comme la surnommaient ses patients avec taquinerie - elle s'appelait toutefois Estelle- réserva même une chambre supplémentaire pour me loger dans le même gite qu'eux et m'invita au pot d'accueil organisé en leur honneur par la direction.La soirée me permit de sympathiser avec la plupart des patients afin de mieux cerner leurs personnalités et leurs attentes.La journée du lendemain marqua le début de mes quatre semaines de congé, rythmées par mon travail d'auxiliaire de vie le jour et ma mission de secouriste la nuit. Tenir une telle cadence n'était pas particulièrement épuisant néanmoins j'avais peu de temps libre ce que j'arrangeais par de longues promenades relaxantes le long de la plage au crépuscule.Cependant ce bien être physique et moral tourna court au bout de quelques jours seulement à cause de la fatigue accumulée par un manque de sommeil évident devenu impossible à cacher.A force de persuasion Steve m'obtint deux jours de congé auprès du patron mais sachant d'avance que ce ne serait pas assez pour récupérer suffisamment je préférai démissionner.En rentrant de patrouille le soir de mon départ anticipé j'eus la surprise de découvrir que mes collègues avaient organisé dans les règles de l'art une soirée karaoké à thème en guise d'adieu.Steve avait même eu la délicatesse d'y inviter mes patients devenus au fil du séjour mes amis.Aucun détail n'avait été laissé au hasard. Les lampions multicolores, les photophores allumés de mille lueurs chatoyantes par de dansantes lucioles rendaient l'atmosphère quasiment féerique.Ce qui le fut moins était que je sois obligée de monter sur scène pour chanter.Tremblants mes doigts faillirent se dérober lorsque mon tour arrivé je m'emparai du micro. Je n'avais absolument aucune chanson en tête.Aphone, je restai figée sur place regardant le public s'impatienter sans savoir comment y remédier.Soudain je captai le regard de Steve, à la fois lourd de déception et de mépris.Sans réfléchir je me lançai à l'assaut de la première chanson qui me passa par la tête et le hasard dut s'arranger pour que ce soit Goodbye my lover.Trois minutes plus tard lorsque j'allongeai les dernières notes sous les applaudissements je perçus nettement des sanglots étouffés par le vacarme ambiant.Etonnée je parcourus rapidement des yeux l'assemblée: tout le monde me regardait plus ou moins excepté quelqu'un, un peu à l'écart dans le fond, qui me tournait le dos.Assis dans un fauteuil roulant avec ses cheveux coupés court et ses traits émaciés je ne le reconnus pas dans l'immédiat mais j'eus le bonheur de constater qu'il s'agissait bien de David.En quelques mois à peine la vie en milieu hospitalier l'avait complètement changé à tel point que son regard seul suffisait à prouver qu'il n'était plus illusionné par ses rêves d'absolu. Il semblait plus mature, éprouvé par la vie.Inopinément Steve réapparut sur scène:- Dis moi le choix de cette chanson n'était pas fortuit n'est ce pas?J'acquiesçai en me raclant nerveusement la gorge:- Oui, je voulais faire comprendre à celui que j'aime que je tiens encore à lui même si nos vies s'apprêtent à prendre des directions bien différentes. Dans mon cœur il restera à jamais mon meilleur ami...- Juste amis? s'enquit doucement une voix amplifiée par les enceintes Dolby de part et d'autre de la scène.Je relevai vivement la tête pour voir Dave me dévisager fixement.Les larmes aux yeux, ncapable de soutenir la force de son regard je m'enfuyai en courant.
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