• 5 décembre:
     
    Un lundi pas tout à fait comme les autres pour Belphegor et ses collègues. L'usine à jouets reprenait du service après six mois d'inactivité.
    Il fallait faire vite pour remplir les hottes des cadeaux que Mr Noel irait livrer dans le monde des humains dans trois semaines.
    Belphégor n'aimait pas les lundis matins rien que de regarder son planning hebdomadaire il était déjà désespéré de la masse de cadeaux à emballer dont il avait la charge.
    Il enviait le couple Noel qui pouvait aller et venir dans le monde des humains à leur guise. En l'occurence les lutins restaient travailler à l'usine jusque tard dans la nuit, payés en conséquence mais n'avaient pas l'occasion de prendre des vacances aussi souvent qu'ils l'auraient voulu surtout à l'approche des fêtes.
    Belphégor cala une bouillote portative sous sa blouse de travail, retroussa ses manches et souleva la grosse bobine de ruban cadeau doré étiquetée à son  nom dans la réserve.
    Il rejoignit son plan de travail situé tout au bout de l'atelier près d'une fenêtre décorée de guirlandes étincelantes agrémentées de boules de Noel bigarrées.
     Mais moins d'une heure plus tard il se surprit encore une fois à rêver du monde des humains. Le monde de Noel baignait dans l'allégresse générale et le bien-être mais cette existence douce comme un bonbon aux fruits ne lui suffisait plus car il voulait se confronter à la réalité non pas à une illusion de la réalité.
    Sous prétexte de régler la température du radiateur il se glissa jusqu'à la fenêtre pour regarder la neige tomber et cela lui rappella son enfance lorsqu'il courait à perdre haleine dans la poudreuse pour cueillir les flocons comme autant de fleurs glacées. Une larme teintée de regret et de mélancolie roula le long de sa joue et il s'empressa de l'essuyer bien vite avant que quiconque ait pu le voir pleurer.
    Comparé à ses camarades, il était hypersensible à tout ce qui arrivait en bien comme en mal  aux humains et cette extrême fragilité le rendait vulnérable à ses propres émotions.
    Hors-service sa bouillote devenue glacée comme un morceau de givre le ramena à la réalité.
    Il se remit au travail mais sans entrain ce qui lui valut un regard courroucé du contremaître, un ami de son père, qui ne voyait pas son ballot de cadeaux à emballer diminuer. A la pause, ses collègues allèrent prendre l'air mais lui fut ordonné de rester à l'intérieur pour continuer à travailler.
    Mais bientôt ses joues rougies par le froid se couvrirent à nouveau de larmes et il supplia son supérieur de lui accorder un moment de répit afin de se changer les idées. mais celui ci refusa et promit de le renvoyer s'il n'avait pas rempli ses objectifs de rendement d'ici la nuit.
    La journée passa à toute vitesse tandis que Belphégor enchaînait les empaquetages les uns après les autres sans réfléchir.
    Le soir venu, épuisé il s'empressa de rentrer chez lui pour se reposer et oublier la journée harrassante qu'il venait de vivre dans les bras aimants de Morphée.
    Tout ce qu'il put avaler ce soir là fut le bol de chocolat chaud sucré et crêmeux préparé à son intention par sa mère, déjà couchée lorsqu'il rentrait car elle se levait tôt pour aller travailler dans une chocolaterie à l'autre bout de la ville.
    Quant à son père il le voyait rarement car celui-ci travallait en tant que manutentionnaire dans l'import/export de cadeaux entre le monde de Noel et le monde des humains..
    Son plus grand plaisir dans ces moments là était de s'enfouir dans ses couvertures en écoutant des chants de Noel, ce qui lui faisait oublier la lourdeur du quotidien les jours de déprime et il en ressortait prêt à affronter la difficulté en toutes circonstances.
    Ce n'est pas tous les jours facile la vie d'un lutin.

    votre commentaire
  • 2039808674-260x260-0-0_pastel
     
    A l'heure du régionalisme ce livre ne déroge pas à la règle.
    En effet son thème est pour le moins original puisqu'il traite de l'art de teindre le bleu de pastel et l'action se déroule à Albi près de Lectoure. Au passage j'ai découvert ce livre dans la boutique de l'entreprise Bleu de pastel proche de Lectoure où peut se visiter un atelier reconstituant les différentes étapes de la teinture au pastel, pour de plus amples informations renseignez vous sur leur site officiel.
     
    Pour en revenir à ma chronique, j'ai trouvé le livre historiquement  et pédagogiquement riche en information, au delà de la simple fiction bien qu'il s'y enchaîne moult péripèties relativement picaresques. Les personnages sont hauts en couleurs et nous en apprennent également sur le genre humain.
    En bref durant le XVe siècle au coeur d'Albi et ses environs ce roman vous entraîne dans l'histoire de Simon Terrefort, fils de Maître Lucas un teinturier renommé dans l'art de teindre le rouge. La vie de Simon bascule le jour où il fait la rencontre de Joachim Fressard négociant en pastel et rival direct de son père car le jeune homme décide qu'il teindra désormais le bleu de pastel: cela lui vaut de se faire répudier par son père. De cet état de fait découlera le récit de la vie mouvementée de Simon qui s'est mis en tête de teindre un jour à l'identique le bleu du manteau de la Vierge entrevu dans une chapelle lui ayant été dédiée.
     
    Outre le contexte religieux, ce livre reste divertissant car l'auteur a fait en sorte de ménager le suspense bien que le cours de l'intrigue soit occasionnellement prévisible.
    Néammoins rentrer dans l'action ne m'a pas été aisé car lors de ma première lecture je me suis vue obligée de sauter certains passages: peut-être un jour avec du recul sur le contenu essaierais-je de le relire de bout en bout. C'est pourquoi je recommande de le lire en vacances pour un bon moment de détente

    votre commentaire
  • Je crus d'emblée à un canular mais le sens du message était clair, tranchant, sans appel.Je ne devais pas prendre ces menaces d'une évidente absurdité au sérieux, pourtant une pointe de culpabilité ne cessa de me tarauder alors que j'accomplissais mes tâches quotidiennes avec les gestes mécaniques d'un robot, les nerfs tendus comme des élastiques prêts à craquer à la moindre contrariété.Rapidement un dilemne cornélien s'imposa à moi: de celui que j'allais choisir entre David et Steve allait dépendre mon avenir, en meilleur comme en pire.Le soir venu je m'autorisai un détour par le centre de secourisme venue aux nouvelles mais je regrettai aussitôt mon geste tant les regards de mes anciens collègues pesèrent sur moi, dûment accusateurs. Un silence lourd de sens plombait l'atmosphère et je ne savais quoi dire ni que faire lorsqu'il fut rompu par un bip strident.Toutes les têtes se tournèrent vers le moniteur relié aux caméras de surveillance où un voyant écarlate clignotait à intervalles réguliers.A première vue rien à signaler mais en y regardant de plus près apparaissait en arrière plan un zodiaque qui traversait en zigzag le champ de la caméra, hors de contrôle.Accroché au moteur, semblable à une bouteille à la mer, un gilet de sauvetage flottait au gré des caprices du vent. - Suis-nous sans faire d'histoires !- Lâchez moi! J'ai rien à voir là-dedans !- Tu feras moins le malin après avoir été interrogé par les gars.- Cela ne me fait pas peur, le père d'une amie travaille dans la police.- Toute menace est inutile, on est arrivés.Loin des caméras, une minuscule crique  se profile au creux de la falaise, dissimulée par les rochers où Steve est poussé sans ménagements, pieds et poings liés:- Je n'ai rien à vous dire. - Emilie, Geoffrey, Jeanne passez les plages des alentours au peigne fin. Vous autres poussez les recherches jusqu'au village, sait-on jamais... Bougez-vous il n'y a pas de temps à perdre! assena Jefferson, notre chef d'équipe.
    Personne ne songea à rechigner et se prépara sans un mot.Les périmètres d'action furent équitablement répartis; alors que je louvoyais à travers les cabanes de pêche et les rochers amassés en criques, un sentiment de panique irrépressible m'envahit à la fois incontrôlable et incompréhensible.Au détour d'un banc de berniques, j'avisai un homme entre deux âges, habillé comme un pêcheur à pied mais armé jusqu'aux dents, visiblement aux aguets.Il se mit en garde mais une main gantée d'un poing américain arrêta net son geste. Mike, la dernière personne que je me serais attendue à rencontrer au fin fond de la Bretagne, apparut au détour de la falaise.De ses poches dépassaient un smartphone et un talkie-walkie:- Tu fais bien d'être là princesse, lança t il à brûle-pourpoint. Il faut que les choses soient tirées au clair une bonne fois pour toutes.- Je ne vois pas de quoi tu parles, rétorquais-je sèchement.- Amène toi tu vas comprendre ton malheur. T'inquiètes pas Roy, c'est une vieille connaissance laisse passer.Avec appréhension je le rejoignis sans délai, après quoi il me préceda dans une crique totalement isolée des caméras en bordure de falaise.Alors il se retourna brusquement et me saisit par le col de mon survêtement:- T'as l'argent, j'espère? siffla t il.- Quel argent?- Ne joue pas à l'effarouchée, à partir de maintenant vos vies pourraient être mises en jeu.Il me relâcha avant d'ajouter:- Tout dépend de ta coopération.En suivant son regard j'aperçus Steve affaissé contre la pierre, inerte:- Que lui as-tu fait? hoquetais-je, choquée.- Un peu arrogant mais il a fini par coopérer.Je ne l'écoutais plus, penchée au chevet de Steve. Son pouls était faible mais sa respiration régulière aussi semblait-il juste endormi, ou bien drogué:- On peut s'arranger je ne vais vider mes comptes en banque pour cautionner tes trafics, avançais-je prudemment.- Quitte ou double, soit t'as les 10 000€ soit tu les as pas, répliqua-t-il en s'approchant de nous.- Je ferais tout ce que tu voudras, mais accorde moi au moins un délai ! m'écriais-je en faisant rempart de mon corps pour protéger Steve.- Tu ne perds rien pour attendre....- Emilie? appella soudain Jeanne, de loin.L'écho confondu de ses pas et de sa voix se rapprocha, elle parlementa quelques instants avec Roy puis déboula comme une furie dans la crique:- Qu''est ce que tu fous? Ca fait déjà plus d'une heure qu'on aurait du aller faire un premier rapport préliminaire à Jeff. Je te jure quand tu t'y mets... Pourquoi tu me regardes comme ça? Qu'est ce qui se passe ici au  juste?Son regard passa alternativement de l'expression menaçante de Mike à moi-même accroupie telle un chat sauvage prêt à bondir puis au corps inerte de Steve qui avait glissé dans le sable:- Rassure-moi... ce n'est qu'un cauchemar je vais me réveiller et toute cette affreuse plaisanterie ne sera plus qu'un lointain souvenir...- Non justement ! m'exclamais-je. Et tu n'aurais pas dû venir...- Jeff se faisait du souci pour toi, il ne faut pas lui en vouloir.


    votre commentaire
  • - Le rez de chaussée et le premier étage ont  été réaménagés en salles communes. Les autres appartements accueillent les résidents permanents qui souhaitent avoir un espace à eux, la condition primordiale étant de le rénover par ses propres moyens.
    Phantom me précéda dans les méandres sinueux de la cage d'escalier, poussa une porte du pied m'invitant à entrer:
    - Bienvenue chez moi.
    Le studio composé d'une seule pièce était relativement étroit, proportionnellement impropre à la vie en couple. Décrépis, les murs étaient recouverts d'une vieille tapisserie molle ornementée de médaillons ringards représentant de vagues motifs floraux. Sentant encore la peinture fraîche les persiennes  demeuraient néanmoins hors d'âge dispensant peu de lumière, une lumière crue dont le halo courait jusqu'au milieu de la pièce.
    Le mobilier se faisait rare mais disposé avec goût afin de glaner autant d'espace que possible.
    Sous la fenêtre un fauteuil-coquille multicolore chiné chez un antiquaire féru de design basé dans le cossu Paris intra muros.
    Contre un mur un buffet vermoulu de style Art déco d'où dépassaient quelques vêtements et une bibliothèque de fabrication suédoise branlante supportant un savant équilibre de manuels scolaires, de livres et magazines hétéroclites, de CD mélangés pêle-mêle à une maigre collection de DVD.
    A l'opposé un matelas suffisamment large pour supporter deux personnes mais dont la seconde moitié servait de table de chevet improvisée.
    Près de la porte une patère en bois oriental soutenant une lourde sacoche.
    Enfin quelques étagères et des affiches de cinéma pour agrémenter les murs dénués de toute personnalité.
    - Cela fait deux ans que j'habite ici.
    Tirée de ma contemplation ébahie je pivotai sur mes talons, le sourcil levé:
    - Tu as eu le cran de fuguer?
    Il se rembrunit mais ne répondit pas comme à son habitude lorsque la question le concernait personnellement: Ce n'était plus un jeune adulte vigoureux qui me faisait face  mais un adolescent désorienté et sans repères aussi vulnérable qu'une flamme tremblotante.
    - J'ai besoin d'être seul un moment. Profites-en pour aller visiter les appartements encore disponibles.
    Je ne pouvais rien faire si ce n'était obtempérer ainsi je me retins d'insister davantage, m'éclipsai en refermant doucement la porte derrière moi.
    Je supportais de moins en moins sa réserve et sa froideur coutumières mais cela ne m'étonna guère qu'il refusât de se confier à moi, réellement il ne me connaissait que depuis peu.
    Il essayait de se comporter avec moi en bon ami pour me sortir de cette solitude forcée subie depuis si longtemps.
    Sans conviction je furetai parmi les étages en quête d'un hypothétique lieu de villégiature inoccupé où m'installer mais il n'y en avait aucun si ce n'était une chambre de bonne misérable coincée sous les toits qui me rappela confusément celle du foyer que j'avais occupée durant six ans.
    - T'es nouvelle?
    Je sursautai, me retournai vivement pour croiser le regard pétillant d'un grand gaillard roux  affublé de grands yeux noisette, à la carrure un peu ronde.
    - Oui...
    - Moi c'est Sol, bienvenue parmi nous. Tu t'appelles?
    - Luna. Saurais-tu s'il y a encore des appartements inutilisés?
    - Aucun à part cette coquille de noix logée dans les combles.
    - J'aurais rêvé mieux mais je vais quand même m'y installer.
    - Tu trouveras de quoi commencer les rénovations au premier étage, dans l'ancien local des boîtes aux lettres qui sert aujourd'hui à entreposer les matériaux de récupération.
    Dans un autre ordre d'idées, il faudra aussi penser à t'inscrire sur le planning des corvées ménagères car tout le monde doit mettre la main à la pâte pour que subsiste une bonne ambiance parmi les occupants du squat.
    Pour gagner de l'argent tu devras te débrouiller pour faire la manche afin d'en capitaliser les recettes.
    Bien sûr on ne fonctionne pas selon une logique libérale donc tu n'auras pas à moyenner finance pour satisfaire tes besoins les plus vitaux tels que manger ou s'habiller: notre initiative est pleinement soutenue par la plupart des associations d'aide aux sans-abri qui ont caché jusqu'à maintenant notre existence à la police.
    - Et il y a déjà eu une descente de police dans le quartier?
    - Jamais et s'il y a pu en avoir elles ne nous concernaient pas. On fait tout pour que le fragile équilibre sur lequel repose la survie du Radeau ne se brise pas comme une barque prise dans les vagues déchaînées car nous n'aurions alors nulle part où aller...
    On ferait mieux de redescendre maintenant, tout le monde doit déjà nous attendre au réfectoire il est presque midi.
    Son regard, rassurant et doux à la fois, m'envoûtait bien que je me rétractai lorsqu'il voulut m'embrasser.
    - Tu me trouves rapide en besogne? Pourtant tu es la plus jolie et la plus poétique des femmes parmi toutes celles qui ont croisé la route de mon coeur.
    Sa déclaration fut touchante et apaisa la douleur lancinante qui avait repris ses quartiers dans ma poitrine.
    J'étais déchirée entre plusieurs pulsions me jeter dans ses bras ou retrouver ceux - tendres et protecteurs - de Phantom, choisir entre un amour épicurien et un amour exclusif à la fois destructeur et passionnel.
    En fait j'aurais bien voulu concilier les deux mais cela était évidemment impossible.
     
    Sol me précéda dans les dédales et les recoins du Radeau pour mieux m'expliquer la disposition des lieux et comment m'y orienter.
    Mais lorsqu'on parvint à deux étages du hall il s'arrêta brusquement:
    - Je te laisse. Rejoins-moi près du porche me chuchota-t-il à l'oreille.
    Sans comprendre je le regardai s'éloigner furtivement.
    C'est alors qu'en tournant la tête j'avisai Phantom, affaissé contre la rampe d'escalier telle une bancale statue de sel prête à s'effondrer.
    Il pleurait.
    Sans jouer la comédie.
    Sans bruit.
    Comme des larmes retenues depuis si longtemps que le moindre des soulagements était de les faire sortir.
    Je me tins immobile et attendis.
    Giboulées sentimentales.
    Bruine printanière.
    Soleil derrière les nuages.
    Arc en ciel.
    Accalmie.
    - J'ai tant de regrets que ma vie entière ne pourrait suffire à réparer mes torts, m'avoua-t-il finalement, la gorge nouée.
    - Dis moi pourquoi mais tu es déjà tout pardonné.
    - Je me suis comporté comme un imbécile, distant, froid comme l'acier alors que je n'aurais pas dû: tu avais besoin d'une épaule amie pour te soutenir face à la perte impromptue de tous tes repères.
    Moi aussi je l'ai vécue cette solitude forcée, celle qui est amère où on se pense abandonné de tous.
    J'haussai les épaules, agacée:
    - J'ai appris à vivre avec. C'est stupide de t'inquiéter pour moi, j'ai les nerfs solides.
    Je battis en retraite le long de la cage d'escalier:
    - Les autres nous attendent au réfectoire.
    - Allons y.
    Je décelai dans sa voix au ton soudain abrupt et péremptoire un mélange de déception et de résignation.

    votre commentaire
  • Luna Farewell

    Nom: Farewell   
    Prénom: Luna   
    Age: 18 ans

    Phantom Hive

    Nom: Hive  
    Prénom: Phantom  
    Age: 18 ans


    2 commentaires