Sans but précis je courus comme jamais le plus loin possible de la soirée. Je ne fis halte seulement lorsque la marée m'empêcha d'avancer davantage.
Là je m'assis les genoux remontés contre la poitrine et éclatai en sanglots. C'était tout ce qui me restait à faire pour apaiser mon coeur brisé, pourtant la douleur était toujours là, persistante comme pour m'exhorter à la raison.
Elle me soufflait de m'en aller, de tout laisser tomber mais je ne pouvais m'empêcher de penser à David, aux bons moments que nous avions passés ensemble; et j'avais encore du mal à intérioriser le fait que notre séparation soit définitive.
Tout lui expliquer? Oui mais en aurais je réellement le courage? Ils avaient tous du retourner au gite en minibus depuis longtemps et je n'avais aucun moyen de le ,joindre...
- EMILIE !! Où es tu? cria quelqu'un en contrebas, me faisant sursauter.
La voix de Steve. J'étais rassurée qu'il m'ait retrouvée car je ne me voyais pas dormir à la belle étoile dans les circonstances actuelles mais cela me conforta encore plus dans l'idée de partir d'ici au plus vite. Je ne voulais plus voir quiconque souffrir à cause des idées arrêtées de mon père sur l'amour.
Cependant une vague maligne vint se briser inopinément contre le rocher sur lequel j'étais recroquevillée et me déséquilibra: mon pied dérapa et je glissai vers le bord sans pouvoir arrêter ma chute.
Ma tête heurta violemment le sable durci du platin.
Je perdis connaissance.
Lorsque j'ouvris les yeux, l'aube commençait à poindre.
Le fait que je sois allongée sur un lit de fortune ne m'alarma pas car il était plus que probable que Steve m'ait ramenée dans le cagibi exigu qui nous servait de chambre commune les soirs de patrouilles tardives.
Ses rondes se finissaient toujours à huit heures, il ne me restait donc que cinq bonnes minutes à attendre et je lui proposerai d'aller prendre ensemble un dernier petit déjeuner avant de nous quitter.
N'empêche, il m'avait sauvé la vie à deux reprises et me plaisait plus ou moins, surtout pour les longues conversations que nous tenions sur la vie et sur le monde pour tuer le temps entre deux tours de garde. Il était également séduisant pour ses manières délicates...
Huit heures.
Huit heures cinq.
Personne et ce n'était pas vraiment son genre.
Soudain mon portable vibra, brisant le silence.
Qui pouvait m'appeler à cette heure-ci?
Un MMS. Bizarre, cela était rare que j'en reçoive.
Une vidéo, en pièce jointe.
Je cliquai sur PLAY de plus en plus inquiète. Une voix déformée à l'hélium me parla:
"- Si tu veux revoir ton ami vivant... la rançon est de 10 000€ ! Tu as trois jours, passé ce délai tu ne pourras plus rien pour lui !"