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Il semblerait que ces contrées reculées prennent la poussière, il est temps de faire un grand ménage de printemps!
Tout d'abord, je dois l'avouer par souci d'honnêteté, depuis un certain temps le blog n'est plus mis à jour comme auparavant et me sert de grenier comme cette bonne vieille boîte à souvenirs qui traine généralement dans un coin de la remise.
Ceci dit, je n'abandonne pas tout espoir de le rendre de nouveau actif comme à ses premiers jours, le grand enfant fêtant ses 8 ans d'existence en décembre de cette année: nostalgie quand tu nous tiens!Oui car la plupart des projets entreposés ici et là sont, disons le en "réécriture" pour ne pas dire abandonnés, suspendus car je n'ai pas trouvé l'inspiration ni pour les continuer à un moment donné, ni pour les réécrire faute de temps. Je ne les supprimerais pas pour autant car ils me tiennent à coeur pour diverses raisons.
J'ai mûri, changé de style et je pense que certains ne correspondent plus à mes préoccupations. Mais il y a un début à tout et je ne regrette pas d'avoir pris le temps de chercher mon style pour devenir celle que je suis aujourd'hui.Trêve de longs discours (si vous lisez encore ce post, bravo pour votre patience! ^^) passons à une question cruciale: l'avenir de ce blog!
Comme expliqué en détails ci-dessus, je ne vais pas le remiser à la cave, ou du moins, il reprendra une activité normale au fur et à mesure. Depuis le transfert vers Eklablog, je me suis contentée de lui refaire une beauté afin de réorganiser la mise en page et les menus pour une expérience de navigation agréable.
Mais surtout, je compte publier de nouveaux contenus courant 2016. Moi et la gestion du temps ça fait deux, néanmoins je vais tenter dans la mesure du possible d'être davantage présente: entre mes études et mes autres projets littéraires, je suis très occupée. Je ne vous en dis pas plus pour l'instant mais attendez vous à voir mes expérimentations fleurir très bientôt j'espère!En effet ce blog, que je considère comme mon laboratoire littéraire, servira désormais à tester de nouveaux genres et de nouvelles formes stylistiques dans la mesure de mes moyens et du temps que j'ai à y consacrer. En attendant je vous invite à aller découvrir mes travaux en cours les plus récents:
When the birds stopped chirping
Affaire à suivre, à bientôt!
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Le moment vint de partir pour de bon. Après les émotions de l’été riche en péripéties qui venait de s’écouler je devinais que j’avais besoin d’une bonne cure de repos dans un lieu qui m’était familier, mon appartement parisien.Steve reprenait des forces jour après jour et ainsi tout semblait aller pour le mieux pour tout le monde. Il garderait sûrement des séquelles de son agression mais le traumatisme engendré allait guérir avec le temps.Tout était rentré dans l’ordre du moins pas pour moi : il me restait encore une tâche délicate à accomplir sans détours et pas des moindres.Cette fois impossible de me défiler. Donc le jour de mon départ juste avant de partir à la gare, mes valises fraîchement préparées je me rendis à l’étage où logeait David.Je sentis l’émotion m’étreindre la gorge jusqu’à paralyser mes cordes vocales mais je résistai avec courage à la tentation de pleurer à chaudes larmes comme une enfant.Je ne voulais pas lui révéler par inadvertance cette part de moi même, pas encore tout au plus. Pourtant il en fut tout autrement lorsque je croisai son regard vide, sans éclat. Il me dévisageait comme une étrangère qu’il peinait à reconnaître.Rien que de le voir enchaîné à tous ces équipements médicaux rutilants par des dizaines d’électrodes me lacérait le cœur et ramenait à la surface tant de regrets venus du passé.Les joues humides de larmes j’accourus pour le serrer dans mes bras :- David… c’est Emilie… Ellie… je- je te demande pardon ! Je suis tellement, tellement désolée : c’est de ma faute si…- Ellie tu es toujours demeurée la même… assumant sans sourciller le poids de la douleur d’autrui sur tes épaules sans jamais te préoccuper de toi même. Tu m’as tellement donné et je t’ai si peu offert : je suis celui qui doit te demander pardon.Il baissa les yeux :- Je suis profondément désolé pour t’avoir causé tant de malheur et de tristesse.Je fus incapable de prendre une décision dans un sens comme dans l’autre. J’étais venue pour discuter des circonstances de notre séparation forcée : lui était résolu à me présenter ses excuses les plus plates.Que faire, plus que tout comment réagir ?Il me regarda avec des yeux éperdus brouillés de larmes :- S’il te plaît reste encore un peu… Cette fois ne m’abandonne pas…Il porta une main tremblante à ma joue pour effacer une larme perdue :- Tu pleures.- Dave… je…- Ne dis rien, murmura t il d’une voix implorante. Je sais parfaitement les raisons de ta venue, inutile de prétendre être simplement passée par hasard pour me dire au revoir.Après tout fais comme il te plaît, comme à ton habitude. Mais sache que tu te feras autant d’amis que d’ennemis à agir ainsi au gré de tes caprices.Mais au moins sois honnête avec toi même. Tu ne dois laisser personne diriger ta vie au point d’en devenir une spectatrice.J’aimerais qu’on fasse une promesse....Il prit la paire d’anneaux dorés qu’il portait habituellement en boucles d’oreilles et mit l’un d’entre eux. Il se tourna de nouveau vers moi la main tendue : au creux de sa paume l’autre étincelait :- Peux tu mettre celui ci s’il te plaît ?- Bien sûr, acquiesçai je avant de m’exécuter.- Promets moi que le jour de nos retrouvailles venu tu seras devenue une femme libre qui ne s’en laisse pas compter par les apparences.C’était une promesse peut être difficile à tenir mais je me sentais prête pour et obligée d’aborder l’existence sous un nouvel angle :- Je te le promets.Déjà dix ans avaient passé depuis ce fameux été qui avait décidé de ma vie.Ma carrière filait telle une étoile filante, riche en succès comme en échecs mais toujours je marchais avec assurance le regard porté droit devant moi.Comme David l’avait prédit ma vie amoureuse était un désastre. Constamment en voyage aux quatre coins du monde pour des raisons professionnelles variées, il m’était impossible de construire quoi que ce soit avec qui que ce soit.Mais à bien réfléchir cela m’importait peu. J’étais forte, j’avais gagné ma renommée et mon train de vie aisé à la sueur de mon front et à mon insatiable désir d’indépendance et je n’allais pas laisser ma nouvelle liberté de femme active s’écrouler comme un château de cartes. Un vide immense m’habitait et me rongeait de l’intérieur mais allant et venant sans crier gare ce sentiment de manque repartait aussi vite avalé par le tumulte urbain, le vrombissement des avions parés au décollage et l’écho assourdissant des salles de conférence. Je m’étais bien entourée avec la société des gens comme il faut, une foule de prétendants se prosternait presque à mes pieds et pourtant je me sentais seule. Tellement seule. Vite le quotidien, les soirées mondaines reprenaient le dessus et j’en venais presque à oublier cet insondable et effrayant abîme de solitude qui me narguait avec sarcasme. Vous devriez faire ceci, vous devriez dire cela : j’avais tant à faire, tant à penser que c’était bien la moindre de mes préoccupations.Et puis un jour, un autre de ces matins tristes comme un jour sans pain brusquement ma vie s’arrêta, à l’angle de ce boulevard où tout avait commencé et tout allait s’arrêter. Mais je ne réalisai ce détail seulement lorsque j’entendis l’ambulance vrombir au loin. L’écho m’était terriblement familier. En dix ans le quartier avait tellement changé que je ne l’avais pas reconnu au premier regard.Par ce matin glacial de janvier il faisait déjà un froid arctique bien que l’hiver n’avait pas encore revêtu son beau manteau de neige.Pour me réchauffer j’étais entrée dans ce petit café d’angle boire un café serré en attendant mon taxi avec impatience.S’il avait une minute de retard supplémentaire j’allais rater l’occasion d’arriver à l’aéroport en avance. Toute mon attention était focalisée sur ce qui se passait à l’extérieur le long du boulevard.Et puis il y eut la fillette au bonnet blanc crème et l’écharpe rose vif.Elle s’amusait à prendre son élan, et patiner à toute allure sur les plaques de verglas. Je dois dire qu’elle maîtrisait ses mouvements avec technicité sûrement bien entraînée mais c’était troublant de constater que quiconque ne semblait conscient du danger. Au moindre faux pas ou dérapage incontrôlé elle pouvait à tout moment être fauchée par une voiture passée trop près, passée trop vite.Mon cœur s’emballa d’angoisse. Je ne pouvais détacher mes yeux de cette petite comme si elle était ma propre fille. Elle devait avoir six ans, elle aurait tout à fait pu être ma fille si j’avais eu une vie différente. Une vie différente ? Je me surpris à avoir des regrets et du remords. Et si ma vie avait été différente. Et si j’avais rencontré un mari aimant. Et si j’avais eu des enfants. Et si je m’étais donné les moyens d’accéder au bonheur d’être une femme complète et épanouie.Je touchais sans réfléchir l’anneau en or qui décorait mon oreille.Si seulement. Mais non visiblement j’avais passé mon tour.J’eus une soudaine envie de pleurer sans raison particulière.Un bruit de freins assourdissant fendit l’air faisant trembler les vitres.Sans réfléchir je me levais d’un bond et accourus dehors envoyant valser au passage ma chaise qui se fracassa violemment sur le sol.Le temps se figea à la seconde ultime où je saisissais la fillette en plein vol.Après plus rien.- Dégagez, chargez !C’était inutile. Aspirée par les ténèbres je me préparais au plus long des voyages.Et puis car dans les derniers instants tout peut encore arriver.- Bandes de fieffés incompétents tous autant que vous êtes ! Plutôt que de bailler aux corneilles espèces d’imbéciles laissez le rôle principal à Estelle qui va vous apprendre à faire votre métier dans les règles de l’art !Estelle ! Qu’est ce qu’elle fabriquait à Paris ? Avait elle déménagé ? Toutes ces questions sans réponse ne me donnaient plus envie de me laisser mourir tout à coup.- Maman, la dame ne va pas mourir, n’est ce pas ?« Maman ? » Je marquais un temps d’arrêt : avais je bien entendu ? La fillette… était ce la fille d’Estelle ?Impossible, c’était impossible. Quel cruel hasard que de vivre des retrouvailles tant attendues alors que j’étais sur le point de mourir !- Ecarte toi Emilie, les grandes personnes s’occupent de tout.Je voulus appeler le nom d’Estelle mais j’étais trop faible, extrêmement affaiblie.- Tenez bon madame ! s’exclama Emilie.J’esquissai un pâle sourire :- Tu portes un joli prénom… chuchotais je d’une voix rauque. Pour tout un chacun il y a un commencement et une fin. Tu as… la vie devant toi. Vis chaque jour comme si… c’était le dernier. Et surtout… n’oublie pas les mots essentiels qui illumineront ta route…- Hé vous ! Vous comptiez prendre la fuite ?Mon cœur bondit au son de cette voix. Je dus résister contre la torpeur qui m’envahissait : je ne voulais pas fermer les yeux, je ne voulais plus fermer les yeux. Pas maintenant c’était trop tôt.- Ecartez vous monsieur, laissez les secours faire leur travail.Une main effleura mon cou :- Elle vit encore, ne pouvez vous rien faire pour la sauver ?- Son pouls est trop faible, dans tous les cas envisageables elle ne survivra pas ou pour peu de temps tout au plus.Sans le voir je devinai son émotion de se savoir regretté : en effet la boucle d’orielle en or qu’il m’avait offerte en guise d’adieu ne m’avait jamais quittée. Son désespoir se peignit dans le ton de sa voix lorsqu’il parla à nouveau :- Je vous en prie, faites tout ce qui est en votre pouvoir pour la ramener à la vie ! S’il vous plaît !- Je vous l’ai déjà dit on ne peut rien faire contre les lois de la nature. Je suis désolé.Si vous n’avez jamais vu un homme pleurer à chaudes larmes, en cet instant ses joues se couvrirent de larmes incoercibles. Estelle prit Emilie par la min et lui demanda gentiment de rester en retrait. Silencieuse elle contempla David prosterné à mon chevet avec compassion. Elle se montra compréhensive et ne manifesta aucune jalousie Aussi chanceuse que je puisse être dans son regard comme dans son expression du visage.Que faire, que penser lorsqu’il vous reste moins de trois minutes à vivre peut être est ce quantifiable en secondes ?Rien. Voir sa vie, trop courte, défiler. Regarder un ami pleurer toutes les larmes de son corps sans avoir le pouvoir de le réconforter et le consoler. Sentir la pluie infiltrer et imbiber les vêtements coûteux que je devais porter pour la conférence.« Je veux vivre ! »« Je veux vivre ! »« Je veux vivre ! »Quand j’étais sur le point de trouver un sens à ma vie, la vie m’abandonnait quelle injustice ! Aussi chanceuse que j’avais pu être à toutes les étapes de la vie, cette fois je n’avais pas de troisième chance. Je n’allais pas en réchapper une fois de plus à dix ans d’intervalle.Le noir m’absorba : plonger dans l’inconnu et l’invisible était effrayant mais la lumière m’attendait au bout du tunnel.Même engourdi mon bras était douloureux ce qui m’indiqua que mes sensations étaient intactes. J’avais froid, j’avais chaud, mes nerfs tendus comme des élastiques prêts à craquer. Je touchais mon buste : mon cœur battait à intervalles irréguliers mais était encore opérationnel. A la sensation de tissu sous mes doigts cela ne faisait aucun doute que j’étais affublée d’un bandage abdominal sans doute bardé d’électrodes. J’ouvris les yeux : à première vue si le paradis était un espace entouré de quatre murs blancs dénudés avec des appliques murales blafardes pour seul ornement, j’aurais largement préféré rester hanter la réalité cela n’aurait pas fait beaucoup de différenceEt puis un miracle se produisit qui me prouva que non je n’avais jamais quitté le monde des vivants enfin pas à ma connaissance. Les deux êtres que je chérissais le plus au monde me faisaient face chacun assis à demi sur le lit dans des directions opposées.- Ne nous refais plus une telle peur ! Steve et David s’exclamèrent en chœur.
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Clara ressemblait à la reine des abeilles, adossée nonchalamment contre un pan de mur entourée de sa nouvelle cour de prétendants. Elle aspira une longue bouffée le bras posé contre les épaules de Phantom.- Le coin non fumeurs c’est par ici ! persifla t elle moqueuse en m’indiquant d’un signe du menton le coin le plus sombre, le plus éloigné et le plus insalubre du quai laissé à l’abandon.Cette plaisanterie de mauvais goût suscita un fou rire général.Au bord des larmes je serrais les poings dans le but de m’astreindre au calme le dos tourné pour cacher l’émotion qui menaçait de me submerger.- C’est ça, fuis la réalité et va te réfugier dans ta solitude comme tu as toujours su si bien le faire !- Est ce vraiment moi la solitaire ? Je n’ai pas peur de me retrouver seule c’est complètement différent. Moi je n’ai pas besoin d’une cour de prétendants ou de vrai-faux amis pour me sentir aimée et respectée.- C’est du flan, fais toi à l’idée que personne ne t’a jamais aimée et que les choses sont toujours allées ainsi peu importe les efforts que tu as fournis pour te faire remarquer.Je frémis le temps d’un battement de cils. Je pinçai les lèvres pour réprimer mon tremblement :- Entre aimer sincèrement quelqu’un ou disposer de lui et de ses sentiments à ta guise, de quel côté tu te places ?- Jalouse hein ?- Ce n’est pas de la jalousie j’essaye juste de comprendre la manière dont tu conçois l’amitié et a fortiori l’amour.- C’est la meilleure ! Tu te permets de me faire la morale alors que t’y connais rien…- S’il y a une chose dont je suis certaine c’est que je ne vais pas te laisser usurper cette place que j’ai si patiemment construite et cultivée parmi la communauté du Radeau ! déclarais je en pivotant sur mes talons pour lui faire face. Tu as le droit de me détester, tu as le droit de venir habiter parmi nous mais au moins respecte moi comme moi je te respecte, autrement dit accepte le fait que je sois différente et qu’on ne perçoive pas les choses sous le même angle de vue.Bizarrement Clara ne trouva rien à répondre. Je sentis que je touchais là au cœur de la mésentente qui nous opposait l’une à l’autre depuis toujours.J’étais encore une enfant lorsque j’étais arrivée au foyer. Je faisais sans conteste partie des plus jeunes pensionnaires. Ce fut l’une des nombreuses raisons pour lesquelles je ne parvins pas à m’intégrer comme il aurait fallu.Ma nature chétive et timide n’arrangea pas la situation car elle fit rapidement de moi un bouc émissaire idéal. Je parlais peu et je me réfugiais dans l’écriture pour passer le temps et reconstruire mes repères. Je tins quotidiennement un journal intime au fil des jours, puis des mois et enfin des années. J’y écrivais mes pensées les plus intimes, ce que je ressentais, mes joies et mes peines, mes réussites et mes déceptions. Il était mon seul et véritable confident.Clara quant à elle traversa l’adolescence comme une fleur. Elle était mon exact opposé sur bien des aspects.En classe nous étions constamment en rivalité que ce soit en matière de performances scolaires ou en matière de popularité. C’est elle qui obtenait les meilleures notes la plupart du temps. C’est elle qui était quasiment élue déléguée de classe à l’unanimité. C’est elle qui était la meilleure dans tous les domaines.Mais jusqu’à quel point ?Des amis elle en avait, une foule de prétendants également mais elle ne supportait pas la contradiction. Il fallait être pleinement d’accord avec elle ou lui tourner le dos, il fallait l’aimer ou la détester. Tant qu’elle pavanait avec son groupe d’amis tout allait bien mais une fois toute seule elle se retrouvait aussi isolée et anonyme que n’importe qui et cela elle ne le supportait pas et refusait catégoriquement de l’admettre. Alors elle continuait à vivre, à avoir des amis avec qui faire le mur pour sortir le soir, à obtenir les meilleures notes aux examens mais dans une certaine mesure c’était une réussite de façade.Elle éprouva une profonde indifférence à mon égard jusqu’à l’arrivée de ce garçon dans sa vie. Dès lors que Phantom Hive eut fait irruption dans son cercle d’amis la donne changea radicalement.D’abord parce qu’elle le trouva à son goût particulièrement séduisant et qu’elle voulut se l’accaparer pour elle seule. Ensuite parce que fraîchement arrivé de la province il allait devoir prendre de nouveaux repères et que ceci était un excellent prétexte pour se lier d’amitié et avoir le privilège de lui faire visiter Paris.Mais la principale gêne entre eux résida dans le fait qu’ils se trouvèrent rapidement en désaccord sur un sujet délicat : moi et ma solitude. Oui aussi étonnant que cela parut aux yeux des éducateurs et des pensionnaires il s’intéressa à moi et se préoccupa de savoir pourquoi j’étais mise autant à l’écart.De temps à autre lorsque les circonstances le nécessitèrent, il osa même prendre ma défense.Comme il le disait souvent pour tempérer les crises de nerfs de Clara, il le faisait à n’en pas douter par pure solidarité mais sous ce masque de froideur et de flegme je décelai de biens plus nobles sentiments. Derrière cette nécessité d’assurer ma protection j’entrevis l’affection teintée d’empathie et la profonde considération qu’il éprouvait pour moi.Bien sûr il ne le montrait pas ou plutôt faisait en sorte de le montrer le moins possible afin de ne pas attirer la foudre des velléités vengeresses de Clara sur ma tête.Il veillait sur moi de loin, sereinement comme un grand frère.Il prit les coups à ma place et finit par être renvoyé du foyer seulement une semaine après son arrivée à la suite d’une violente altercation avec un pensionnaire malintentionné qui voulait me piéger au lit.Son départ anticipé ne fit que rendre plus douloureux mon calvaire. Clara m’en voulut mortellement et me garda dans sa ligne de mire durant les deux années qui s’ensuivirent.Deux années d’une attente insupportable, longue et extrêmement lente avant d’atteindre la majorité et échapper enfin à mon terrible quotidien.Je regardais tour à tour chacun des membres du Radeau quêtant leur approbation du regard. Instinctivement tous se tournèrent vers Phantom estimant qu’ils pourraient s’en remettre à son avis le cas échéant.Celui ci se redressa en baissant la tête. Il déglutit avec difficulté :- Je vais sûrement te blesser Luna et je m’en excuse par avance mais je ne ressens pas de sentiment amoureux pour toi. Tu peux appeler cela comme tu veux mais je ne pense pas que ce soit réellement de l’amour que nous ressentons l’un pour l’autre.Un silence total s’ensuivit. Sous le choc tos me dévisagèrent attendant ma réaction qui ne manqua pas d’être immédiate :- Ah bon ? Et qu’est ce que tu penses de tous les moments magiques qu’on a passés ensemble dans ce cas ? N’est ce rien pour toi ? Ne ressens tu pas une once de regret ? Sais tu que si tu ne ressens peut être rien de tel pour moi, pour ma part je t’aime ? Que tu es celui en qui je crois et auquel je tiens autant qu’à ma propre vie ?Les larmes qui menaçaient de couler depuis le tout début ruisselèrent le long de mes joues, hors de contrôle. La douleur au fond de ma poitrine fut ravivée. Mes jambes se dérobèrent et je tombais à genoux. Désarmé il me regarda sans un mot, en état de choc. Il n’avait pas réalisé que je tenais à lui à ce point.- Je te demande pardon. Je me comporte comme un idiot, murmura t il en me tendant une main amie pour m’enjoindre à me relever.On resta face à face sans rien dire un long moment. Finalement il sourit et me prit par l’épaule :- Le moins qu’on puisse dire c’est que personne n’a la science infuse en matière de sentiments. Il semblerait que la vie nous réserve encore plein de bons moments à passer ensemble et pas forcément de la manière dont tu envisages la nature de notre relation.Pour l’instant contentons nous de lever l’ancre, on a du pain sur la planche en matière de rénovations diverses si on veut continuer à faire vivre le squat !Effectuer un vote à main levée ne fut pas nécessaire : tout un chacun avait en tête la garantie de l’esprit communautaire qui animait les murs délabrés du Radeau.Sur le chemin du retour je me surpris à tenir Phantom par la main, nos doigts étroitement enlacés au grand désarroi de Clara.
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“ Home >> Archived content>> Year 0Originally published on July 15th, 2045 in the New World Telegraph:It’s been five years since Society was created. The truth has to be told about the Traumatism so let me tell you the story of the end of a world we know. I don’t care if this article will be censored. I can’t shut my mouth when the new world in which we are living is only an illusion of democracy. What do “they” expect from us? Forget everything about “their” shameful state blow? We can’tWe have everything we could ever wish for but it suddenly fainted into nothing and we weren’t prepared for that to happen. What lingered everywhere were confusion and fear, despair and sadness. And in the middle of our dying homeland there was us, thousands and thousands of refugees as many stars in a night clear sky.Back then, was it an apocalyptic prelude for the end melting together life and death in a single hope for survival?Fortunately life restarted where it all began, under seas, but how can we create a new world if we deny to look back at our failures?In fact history has proved bearing responsibility for the consequences of our failures to manage the changing makes us human and build the foundations of civilization.Moreover because investing in dictatorships settled the threatening of a huge nuclear war, the Traumatism was meant to happen.If the “Shovel of Death” has blew up, that wasn’t the result of a mad scientist’s experiments. We can’t minimize it to a mere accident; all things considered it was definitely a warning before our precious so called Mother Earth would collapse into ashes again, ruined by the most powerful atomic mass destruction bomb ever created in history using nuclear energy.”No wonder if such articles depicted Sam Suung as too subversive in the globalized and normalized world Society was supposed to become.Maa Kintoche wondered why she had never been arrested because the President was well known to persecute rudely any opponent to the system.Exhausted Maa Kintoche switched off his laptop and went to bed. His heart ached with guiltiness and melancholy so much that he couldn’t sleep. Sitting on his bed in the dark he closed his eyes and cried.Behind his eyelids, all that appeared was his sister teary face when “they” forcibly separated them by kidnapping Alys and buildings exploding everywhere.It made him to cry even more as he imagined what great woman Alys could have became if only she was not dead.He chose to ask for a meeting with the President the next morning to leave officially the government.A cup of coffee in one hand, her cell phone in the other Sam Suung looked at the sea over the guest room’s balcony with mixed emotions. It was impossible to decide: either she denounced Maa Kintoche to the President or decided to bear all the responsibility they wouldn’t ever be able to reunite.Doubting she stayed awake all the night long, unable to find an issue to this impossible dilemma.At seven the sun rose up and the heat too. It woke up Sam Suung who had slept less than an hour. She realized she hadn’t to rush because she was unemployed. It bothered her because she knew she would never find a better work than the position of daily journalist she held at the New World Telegraph. It was well paid. Most importantly she could slip into the Official District to spy the government, under the protection of Sempaï.Rightfully she looked at him. He was still pale but seemed to have miraculously recovered enough to be considered out of danger. She dressed up, addressed to Sempaï a small note to reassure him and left discreetly.At eight she was surprised to find Maa Kintoche walking hastily back and forth the presidential palace’s hall, most likely waiting for a private meeting with the President. He looked nervous and worried. When he saw her he calmed down and sat on a chair.She was going to greet him when the President’s secretary appeared in front of them to take Maa Kintoche to the President.“ If he’s going to denounce himself I hope he knows what he’s doing…” Sam Suung thought.Two hours later, Maa Kintoche left in tears the President’s office. Sam Suung was puzzled.- May I ask why do you come here for? The President inquired.Sam Suung didn’t answer and looked around.Maa Kintoche wasn’t to be found.The President had a lot to do and confined himself in his office without a word of goodbye.Rushing among the crowd Sam Suung wandered all around the Official District looking for Maa Kintoche.Finally she found him standing before the unending no man’s land the planet Earth had became outside Society.He noticed her and swept his tears with a hand, troubledShe simply walked by the space between them and embraced him inside her arms:- You can’t be forgiven for what you did but I don’t hate you. You used to be more than a friend in my heart.Maa Kintoche stepped outside her arms:- You can’t understand my pain.- I’ll wait for you… Mick.Ashley went on sail aboard her submarine, an old one previously property of the government that she had repaired and customized. She switched on and configured the control panels. Entitled as the representative of the few refugees that have been still living on earth since Year 0, she had a diplomatic meeting with the President.The submarine arrived safely nearby Society and slipped into the air bubble that rounded the city to let life to be possible.She parked her vehicle nearby the city on a wasteland.As she was wandering around she could eavesdrop murmurs:“Is she an outsider?”“ Do you think so? Why does she come here for?”“Who knows, she’s scary!”She felt an urge to find where was located the presidential palace before more rumours could have been spread about her.Moto Rorola found out the note left to Sempaï by Sam Suung. It felt weird that she didn’t tell him where she has gone.“ Where is she?” she asked herself looking by the window to the streets of the Official District.She remembered their first encounter ten years ago.Everywhere buildings were exploding. Cities had collapsed into ruins. With other healers she explored the wrecked houses and skyscrapers in search of wounded or dead people. They were told to manage the Evacuation fast driving as much people as they could to the submarines.It didn’t seem to scandalize anyone but it was obvious there weren’t enough ones to save everyone.Most of them had already gone on sail although they were almost empty.So the priority was to save before all women and children.Exhausted after hours spared on searching Moto Rorola and her comrades were about to give up when they heard someone crying.The sound came from a completely destroyed house. Drawing aside pieces of rock, wood and glass they found out a red haired little girl who cried even more when she saw them, frightened.Moto Rorola was the first to react when she noticed the child was holding something tight blocked by the rubble.It was not something but someone: with bravery she continued to dig out the ruins and discovered the body of a red haired teenager who was probably the girl’s big brother.- Take her. He has already died and there’s no way we can reverse that. We should better leave, the building is about to explode, someone commented behind her among the healing squad.Most of her comrades agreed and left.- Do as you wish but you’re stupid cowards, all of you! Moto Rorola uttered.Where are your parents? she asked to the girl.- I don’t know… We lost their trace and…- Don’t worry I’m here to help you. First of all, is he your brother? What are your names?- My name is Alys. He’s Mickael, my big brother.- I’m sorry Alys but we should go. If only we had more time, I would have tried to save your brother’s life but…A submarine approached the wrecked building:- Hurry and come aboard! someone yelled.Her and Alys were forcibly dragged inside the submarine. It was still the beginning of the end.Moto Rorola took a deep breath and closed the window. Back then this was the real shame of the Traumatism. People struggled to survive at any cost. Even though it implied to leave behind the weaker men. Even though it shattered families.
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Naturellement la maison de vacances des Gekko se situait juste à côté de la base nautique face à la plage, bien située mais pas imposante. Coloré l’intérieur était chaleureux et accueillant. Samantha se laissa guider par Riotaka qui se fit un plaisir de lui faire visiter les lieux et la mit à l’aise en pimentant son tour du propriétaire d’anecdotes insolites.Il la précéda à l’étage et passa délibérément devant une porte fermée à clé sans s’arrêter.- Fais comme chez toi je vais chercher des boissons, dit-il en l’invitant à entrer dans sa chambre.Samantha attendit qu’il se soit éclipsé pour aller examiner de plus près la pièce mystérieuse qu’il s’était refusé à lui faire visiter. Elle ne pouvait pas l’expliquer mais elle avait un besoin impérieux de savoir ce qui se dissimulait derrière cette porte close. Elle déglutit avec angoisse, jeta un regard circulaire autour d’elle pour s’assurer que la voie était libre puis tourna la poignée. La porte n’était pas verrouillée et s’ouvrit dans un grincement.Une odeur de renfermé la prit à la gorge et elle eut un mouvement de recul au premier abord. Elle parvint néanmoins à prendre sur elle et entra.Visiblement cela faisait des années que personne n’était venu ici. Une épaisse couche de poussière couvrait la moquette jadis rouge corail. Le temps et l’espace étaient figés dans cette chambre d’enfant d’un autre temps : des jouets et des poupées traînaient ça et là comme si quelqu’un était parti précipitamment sans avoir eu le temps de les ranger. Un placard était ouvert aux quatre vents dans lequel reposaient des vêtements hétéroclites ayant appartenu à une fillette. Samantha réalisa qu’elle se trouvait dans la chambre de Natsuhiko. Un frisson glacé lui parcourut l’échine lorsqu’elle aperçut sur le mur un dessin réalisé par la disparue montrant un catamaran sur lequel elle naviguait entourée de Riotaka et d’Inoichi. Elle avait intitulé son œuvre «Les copains d’abord». Les yeux de Samantha s’embuèrent de larmes lorsqu’elle vit un œil d’Athena agrafé au dessin. Debout au centre de la pièce elle laissa libre cours à ses émotions : les larmes qu’elle s’efforçait de retenir ruisselèrent le long de ses joues. De très loin une voix l’appela :- Samantha ! Samantha ouvre moi !Riotaka.- N’entre pas.- …Pourtant Riotaka poussa doucement le battant et entra sur la pointe des pieds. Il écarquilla les yeux de stupéfaction lorsqu’il distingua dans la pénombre du crépuscule le visage ruisselant de larmes de Samantha debout au milieu de la pièce les yeux mis-clos. Il la prit par le bras :- Viens.- Désolée …Il ne répondit pas et ne lui décocha pas un regard jusqu’à ce qu’ils soient revenus dans sa chambre. Il la fit asseoir à côté de lui sur son lit et leur servit à chacun un verre de thé glacé.- Tu n’aurais pas du entrer dans cette chambre. Ni moi ni quiconque chez les Gekko ne l’avons plus jamais ouverte car elle renferme les vestiges d’un passé douloureux qui nous hante encore maintenant et qui est difficile à oublier.- Je suis sûre que ta sœur serait plus heureuse si vous cessiez de refouler cette souffrance pour l’affronter en face et continuer à vivre.- Ne parle pas de ce que tu ne connais pas ! Tu ne peux pas imaginer à quel point sa mort m’a traumatisé. Je ne peux pas me réfugier dans l’oubli et continuer à aller de l’avant comme si de rien n’était ! Qu’est ce que tu fais ?Samantha pianotait sur son Iphone en l’écoutant parler :- Il faut que j’appelle quelqu’un. Je reviens.Elle sortit sur la terrasse attenante en composant le numéro de Catherine Duval. Elle fit les cent pas en écoutant les sonneries s’égrener. Elle tomba sur la messagerie et raccrocha. Sa mère adoptive était souvent invitée aux dîners mondains à la dernière minute. Elle rangea son téléphone et revint dans la chambre. Riotaka lui tournait le dos et mettait un peu d’ordre pour lui permettre de s’installer pour la nuit- Si j’ai fait ou dit quelque chose de mal je te demande pardon.- Non ce n’est pas exactement cela. Tu ne dois pas t’impliquer dans nos histoires de famille.Samantha soupira en le regardant s’affairer. Il avait raison.Après s’être douchés et préparés pour la nuit ils descendirent dîner. Samia avait cuisiné de la paella le plat préféré de Riotaka. La douce odeur du riz parfumé mélangée aux effluves d’épices orientaux les guida vers la salle à manger où Samia, Shinji et Genma les attendaient déjà. Riotaka se servit une portion généreuse en s’asseyant mais Samantha resta debout :- Ma décision est prise. Je vous demande l’hospitalité pour la nuit mais je pars demain matin.- Tu n’as nulle part où aller, observa Genma.- Je vais retourner chez ma mère adoptive. C’est sûrement mieux ainsi.En prononçant ces mots elle réalisa qu’ils sonnaient faux.Elle s’était attachée aux Gekko qui formaient une famille unie et inébranlable.Elle complimenta Samia pour l’excellence de sa paella et écouta Riotaka raconter le récit de leurs aventures à son père.Le repas se déroula dans l’insouciance et la bonne humeur jusqu’à ce que quelqu’un sonne à la porte d’entrée. Samia alla ouvrir et découvrit Josette debout dans le chambranle. Les poings sur les hanches la vieille femme de ménage essuya la sueur qui perlait sur son front en réajustant les mèches rebelles qui pointaient hors de son fichu :- Bon Dieu ça fait un bail madame Gekko !Samia l’invita à les rejoindre pour le café la précédant dans la salle à manger. Riotaka dévisagea cette femme étrange et échevelée avec suspicion :- Je suis Josette. Il y a des années de cela j’ai été la nourrice de ta grande sœur quand tu étais encore dans les choux, se présenta l’intéressée.- En … Enchanté, balbutia Riotaka.Josette aperçut Samantha assise auprès de Genma et croisa les bras:- Kidnapping, adoption illégale, faux et usage de faux, dissimulation de preuves et j’en passe… Madame Catherine n’a qu’à bien se tenir ça va barder dans les chaumières et les manchettes de journaux à scandale !- Hein ? fit Samantha médusée.- De quoi parlez vous Josette ? s’enquit Genma intriguée.- Ce sont les quatre chefs d’accusation pour lesquels Madame Catherine mériterait de passer devant le tribunal si seulement il n’y avait pas prescription !Shinji se leva et posa une main amicale sur l’épaule de Josette :- Vous avez trop bu je vais vous raccompagner Josette.- Je vais très bien merci. Je ne bois jamais d’alcool en dehors des grandes occasions, protesta celle-ci.- Je vous demande poliment de sortir de cette maison. Revenez quand vous aurez les idées plus lucides.- Je vous garantis que vous allez regretter de ne pas accorder crédit à ce que je dis. Je ne vous parle pas en tant qu’employée mais en tant que femme d’expérience. Je suis également mère de famille et j’ai tout de suite compris que les beaux discours sur la maternité de Madame Catherine c’était que du pipeau. Y’a pas eu une once d’instinct maternel dans son désir d’adopter Mademoiselle Samantha. Elle l’a fait par orgueil pour se venger de son ex mari qui l’a abandonnée dès que leur divorce a été prononcé.- Vous racontez n’importe quoi, profitez d’une bonne nuit de sommeil pour vous reposer !- Et ça c’est n’importe quoi ? rétorqua Josette en agitant à bout de bras un porte carte en cuir défraîchi.- Sortez d’ici, c’est une affaire entre vous et elle !Samia était du même avis jusqu’au moment où elle reconnut le porte-carte qu’elle avait offert à Natsuhiko pour son septième anniversaire.
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