• Pour la première fois depuis qu'il avait entamé des études de médecine cinq ans plus tôt Dave allait être en retard.
    Passant en trombe dans le hall d'accueil -manquant bousculer l'un de ses professeurs au passage- il rallia l'amphithéâtre au pas de course, essoufflé.
    Il s'assit à sa place habituelle, s'apprêtait à sortir ses affaires lorsque soudain son voisin releva brusquement le nez du dernier numéro du Parisien qu'il épluchait avec avidité à la recherche de faits divers et d'articles insolites le faisant sursauter. Surexcité celui-ci lança à la cantonade:
    - Hé vous autres vous savez pas la meilleure? Ils disent qu'une fille vingt-ans environ, pas beaucoup plus vieille que nous à vrai dire, s'est fait agresser hier soir vers minuit par des types dealant de la coke alors qu'elle s'apprêtait à en avertir la police. Voilà ce qui arrive à ceux et celles qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas: il paraîtrait qu'elle est maintenant dans le coma avec plusieurs côtes fracturées.
    Un frisson glacé parcourut l'échine de Dave qui sentit un vif pressentiment poindre en lui:
    - Passe moi ça, lança-t-il nerveux.
    Etonné son camarade le lui passa quand tout à coup la voix de leur professeur s'éleva depuis le centre de l'amphi:
    - Messieurs la classe est commencée que je sache, vous serez donc priés de vous taire provisoirement pour écouter et prendre des notes en même temps que vos camarades pour que j'évite de me répéter indéfiniment ce qui constituerait une immense perte de temps pour nous tous dans l'avancement de ce cours. Et vous avez dans un mois votre examen franchement ça promet...
    Quelques ricanements moqueurs fusèrent que l'enseignant fit taire d'un geste en voyant Dave pâlir brusquement. Intrigué il s'enquit d'une voix adoucie par l'inquiétude:
    - Mr. Greenwich ça ne va pas? Vous vous sentez mal?
    Livide le jeune homme ne répondit pas. Hébété, il fixait la une du Parisien les larmes aux yeux ses mains agitées d'un tremblement incoercible.Sous les regards étonnés de ses camarades et de son professeur, il se leva d'un bond, jeta son sac en travers de ses épaules après y avoir fourré le journal en quatrième vitesse et quitta la pièce aussi vite qu'il y était entré. Sans un mot.

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  • Le « Radeau médusé » mit un peu moins de quatre jours pour atteindre les côtes bretonnes. Samantha profita pleinement de la traversée à condition que Riotaka n’aborde plus devant elle le sujet délicat de son passé traumatisant et tortueux.
    Il en profita pour l’aider à combler ses lacunes en lui  apprenant quelques rudiments de navigation indispensables. Ces moments d’intimité leur permirent de se rapprocher jour après jour. Elle apprenait vite et il reprenait le sourire. Comme s’ils avaient toujours été les meilleurs amis du monde. Cela soulageait grandement Samia et Genma qui voyaient le jeune homme reprendre goût à la vie et aux autres. Le quatrième jour Genma lui en fit part après le dîner :
    - Je suis contente que tu sois en train de mûrir Riotaka. Tu n’as pas l’âge de te complaire dans le passé. Le moins qu’on puisse dire c’est que tu as changé grâce à Samantha.
    - Je me sens bien avec elle. Elle comprend la douleur que je ressens car on a presque enduré les mêmes épreuves.
    Il vérifia le cap et ajouta :
    - Cependant elle prend aussi beaucoup sur elle. Qu’est ce qui lui est arrivé exactement ?
    - Ce n’est pas à moi de te répondre ! s’indigna Genma. Pourquoi tu ne lui demandes pas directement ?
    - J’ai peur qu’elle m’envoie promener ou qu’elle se mette à pleurer. Elle n’aime vraiment pas parler de cette période de sa vie.
    - Alors prends sur toi et arrête de la questionner constamment là dessus.
    Riotaka hocha la tête et fronça les sourcils. A travers la lumière du crépuscule il entrevit un essaim de mouettes :
    - Terre en vue, commenta-t-il en mettant sa main en visière pour s’en assurer de visu.
    Il donna du mou à la grande voile pour ralentir le bateau et fit de grands signes à sa mère en pointant du doigt l’horizon. Samia ajusta le cap et chargea Samantha d’éteindre le moteur, ils n’en auraient pas besoin pour accoster.
     
    Dès qu’ils posèrent le pied sur la plage par la suite, ils furent accueillis à bras ouverts par des stagiaires de la base nautique qui les aidèrent à remorquer le bateau.
    - Salut mec, content de te revoir sain et sauf ! s’exclama une voix alors qu’ils allaient ranger les cordages.
    - Ino ! s’exclama Riotaka. Au fait je te présente Samantha qui travaille comme auxiliaire de vie pour ma grand-mère. Samantha voici Inoichi Takeshi mon meilleur ami dont je t’ai parlé.
    - Ravi de te connaître Samantha j’espère que Riotaka ne t’a pas trop lassée en radotant comme une vieille dame.
    Samantha rit de bon cœur :
    - J’ai beaucoup apprécié les moments passés en sa compagnie. Enchantée de te connaître, il a été intarissable à ton sujet.
    - Ca c’est du Riotaka tout craché !
    L’intéressé haussa les épaules et leva les yeux au ciel. Puis il se ressaisit :
    - Shinji est là ?
    - Ton père ? Il est parti tout à l’heure au village en disant qu’il avait une course à faire et qu’il n’en aurait pas pour longtemps.
    Soudain une décapotable rouge éclatant freina devant eux et Catherine Duval coupa le contact. Furieuse elle se campa face à Samantha faisant virevolter les pans de sa jupe en soie :
    - Vous êtes une ingrate et une inconsciente Samantha ! hurla-t-elle au bord de la fureur. Je vous ai formellement interdit de prendre la mer et voilà que vous fuguez et que je vous retrouve… ici !
    Un silence total s’ensuivit. Tous les regards se reportèrent sur Samantha qui avait le visage en feu. L’adolescente choisit ses mots avant dé répondre :
    - Je refuse de m’excuser ! J’en ai assez de cette vie dorée qui m’emprisonne de toutes parts…
    - Petite insolente ! s’insurgea sa mère adoptive, outrée.
    - Je ne me reconnais pas dans les valeurs que vous m’avez inculquées !
    - Auriez vous préféré que je vous laisse mourir noyée comme le sort en avait décidé pour vous ? J’ai tout sacrifié pour vous donner une deuxième chance et vous offrir une jeunesse heureuse !
    - Devrais je vous remercier pour m’avoir modelé à l’image d’une jeune bourgeoise rangée et exemplaire que je ne suis pas ?
    La gifle la prit au dépourvu. Elle recula en se massant la joue. Elle était au bord des larmes et ajouta :
    - Il n’appartient qu’à moi de mener la barre de mon avenir !
    Catherine garda le silence en la fusillant du regard, consciente que cette joute verbale ne pouvait plus durer davantage :
    - Vous connaissant vous seriez incapable de me traîner devant la justice, n’est ce pas ?
    Samantha blêmit et l’étudia attentivement du regard pour déceler le sens implicite de cette question absurde. Genma la dévisagea avec étonnement et intervint :
    - Evidemment que Samantha en serait incapable, vous en doutiez ?
    Catherine fut scandalisée par le ton de la question et secoua la tête :
    - Bien sûr que non ! Peu importe c’était une question complètement idiote… Il est tard, comportez vous en jeune fille raisonnable en allant de ce pas vous changer Samantha.
    Cette tenue de navigatrice est trop moulante et ne vous sied guère. Je ne vous reconnais plus, vous qui étiez si charmante et si obéissante lorsque vous étiez plus jeune.
    Une ombre passa sur le visage de Samantha :
    - Il faut croire que j’ai changé concéda-t-elle.
    Catherine croisa les bras et afficha une moue dubitative en dévisageant Samia et Riotaka :
    - Une jeune fille bien élevée n’oublie pas de faire les présentations.
    Samantha sourit d’un air gêné :
    - Ah… je… désolée. Bref Mère voici Riotaka Gekko que j’ai rencontré pendant la traversée et Samia sa mère à qui appartient le catamaran sur lequel nous avons navigué intitulé le « Radeau médusé ». Samia, Riotaka voici ma mère Catherine Duval-de la Thénardière.
    - Ravi de faire votre connaissance madame, énonça poliment Riotaka.
    - Moi de même c’est un plaisir, répondit Catherine en jaugeant Samia du regard.
    Celle ci ne se cacha pas de son étonnement en regardant alternativement Catherine et Samantha avec attention. Elles se ressemblaient si peu que c’en était déconcertant :
    - Enchantée, finit elle par prononcer avec un sourire forcé gênée par le regard insistant de Catherine.
    Troublée Catherine ne lui rendit pas la pareille. La ressemblance frappante entre Samantha et Samia la mettait au pied du mur la renvoyant dix ans en arrière au moment où elle avait décidé d’adopter Samantha par instinct maternel au mépris de toute légalité.
    La décision qu’elle prit fut décisive pour la suite des évènements :
    - Si votre désir est de devenir navigatrice Samantha, faites comme bon vous semble. Après tout c’est votre bonheur qui est en jeu et je ne suis qu’une descendante de la vieille bourgeoisie qui n’a pas d’avis à donner là dessus.
    Samantha voulut la retenir pour obtenir d’elle de plus amples explications mais sa mère adoptive lui tourna le dos et remonta prestement au volant de sa décapotable sans un mot d’adieu. Samantha regarda la voiture s’éloigner le long du front de mer à la lueur du crépuscule.
     
    Une main amicale effleura son épaule :
    - On peut t’accueillir chez nous quelques jours, proposa Riotaka.
    - Je ne vais pas déranger? demanda Samantha en tournant la tête pour le regarder en face.
    Samia secoua la tête :
    - Tu n’es pas obligée d’accepter mais tu es la bienvenue parmi nous le temps de te réconcilier avec ta mère.
    - Cela dure depuis très longtemps, depuis ma crise d’adolescence provoquée par mes cauchemars à répétition à cause desquels je me suis remise en question pensant que j’avais peut-être une double personnalité.
    Perplexe, Samia haussa les sourcils :
    - Il y a fort à parier que ce n’est pas la vraie raison. Tu es sa fille adoptive, n’est ce pas ?
    Samantha hocha la tête et précisa :
    - Ma vie a été bouleversée lorsque l’année de mes sept ans j’ai subi un grave accident de voile qui aurait pu me coûter la vie si elle n’était pas arrivée à temps pour me sauver de la noyade. Je lui serais à jamais redevable pour m’avoir soigné puis élevé comme sa propre fille. Elle est arc-boutée sur ses principes, sévère et orgueilleuse mais elle a vraiment été une seconde famille pour moi et je ne sais pas ce que je serais devenue sans elle. J’admets que ce n’est pas facile voire douloureux de supporter le poids d’un passé qui me hante jour et nuit mais j’ai toujours eu la volonté d’aller de l’avant sans me retourner.
    Samia, Riotaka et Genma en restèrent sans voix. Shinji arriva sur ces entrefaites :
    - Samia, Riotaka, content de vous…
    Sa voix faiblit lorsqu’il aperçut Samantha. Le sac de course qu’il tenait à la main lui glissa des doigts répandant son contenu aux alentours avec grand fracas.
     
    La décapotable avalait les kilomètres à toute vitesse. Catherine était en grande agitation et ne savait plus quoi penser. Elle avait été stupide d’accepter ce mariage avec Edouard de la Thénardière vingt ans plus tôt. Ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre depuis le tout début, elle la descendante d’une vieille famille de la bourgeoisie normande désargentée et lui le fils d’un riche notable et célèbre armateur anglais. Leur divorce était prédestiné. Elle se maudit encore une fois d’avoir mal choisi son avocat sinon elle aurait peut-être obtenu la garde de Samantha leur fille unique. Edouard avait détruit sa vie et elle n’avait pas eu son mot à dire.
    Elle regretta de s’être mise en colère contre Josette et de l’avoir congédiée pour la punir de son vol caractérisé trois jours plus tôt. Si sa femme de ménage avait agi ainsi c’était pour lui faire prendre conscience de ses erreurs et l’inciter à changer en faisant table rase du passé. En effet elle allait avoir cinquante ans et n’était pas fière d’elle-même. Elle avait passé son temps à plaire et à obéir aux autres. Quant à celle qu’elle avait fait passer pour sa chère Samantha, il était largement temps de laisser de côté son orgueil et sa jalousie en rétablissant la vérité.
    Sa vie ne faisait que commencer.

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  • Voici le tableau récapitulatif de mes travaux publiés sur le site à ce jour, bonne lecture! :)
     
    Titre Statuts Chapitres publiés
    Ellite (2008)  Réécriture  10
    Ghost (2011) Hiatus 9
    Noel de l'autre côté du miroir (2011) Annulé 2
    La cité des rêves (2012) Hiatus 6
    The Beginning (2012) Terminé 24
    Fleur de nuit Archivé 7 
     
    Pour plus de détails reportez vous à ce document Google Docs pour vous tenir informés des nouveautés à venir: Mises à jour - Sous les pavés les mots

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  • Samantha se réveilla en sursaut et cligna des yeux, désorientée. Son dos reposait sur une surface douce et moelleuse ; elle  éprouva la sensation d’être reposée après avoir dormi longtemps. Elle tangua lorsqu’elle essaya de se redresser et réalisa qu’elle se trouvait dans la cabine d’un bateau.  Par le hublot la mer étincelait paisiblement.
    - Vous êtes réveillée ?
    Samantha sursauta et se retourna. Une femme resplendissante se tenait dans l’embrasure de la cabine et lui souriait :
    - Bonjour je m’appelle Samia Gekko. Je suis la fille de Genma.
    - Ravie de vous rencontrer elle m’a beaucoup parlé de vous. Pour ma part je suis Samantha Marie Duval-de la Thénardière.
    Samia ne se départit pas de son sourire, admirative :
    - Etes vous la fille de Catherine ? Cela me semble étonnant qu’elle vous ait laissée faire le tour du monde à un âge aussi jeune.
    - Vous connaissez ma mère ? s’exclama Samantha stupéfaite. En fait elle n’est pas au courant… Au fait qu’est ce qui m’est arrivé ? Où est Genma ?
    - Je vous ai repêchées inconscientes au niveau du triangle des Bermudes et vous avez toutes deux dormi trois jours entiers.
    «  J’aurais pourtant juré qu’Utopia  était bien réelle » songea Samantha.
    - Etait-ce l’idée de Genma ? s’enquit Samia.
    - Quel est le sens de votre question ? répondit Samantha.
    - Cette partie de l’Atlantique est dangereuse même pour une navigatrice expérimentée.
    - Je ne l’ai pas forcée à m’accompagner. Elle a fait ce choix de son plein gré.
    - Décidément elle ne s’est pas assagie avec l’âge. Elle sait pourtant que sa santé défaillante ne lui permet plus de prendre le large !
    - Je ne me voyais pas refuser son aide, je ne suis pas suffisamment expérimentée pour partir seule en mer…
    - Je ne te blâme pas ! s’exclama Samia. Genma a toujours été si téméraire. Viens manger un morceau tu dois être affamée. Mon fils Riotaka a préparé un plateau de fruits de mer dont tu me diras des nouvelles.
    Elle l’aida à se hisser sur le pont et la précéda dans une cabine annexe qui servait à la fois de cuisine et de salon. Le dénommé Riotaka et Genma étaient attablés autour d’un plat de fruits de mer disposés en assortiment apéritif.
    - Bonjour Samantha, as tu bien dormi ? s’enquit Genma.
    La jeune fille acquiesça avec un sourire en observant Riotaka à la dérobée. Brun aux yeux noisette il avait le teint légèrement hâlé. Elle avait l’impression de l’avoir déjà rencontré quelque part mais avait oublié où et quand.
    - Je vais faire les présentations, enchaîna Samia. Riotaka voici Samantha. Samantha voici mon fils Riotaka.
    - Enchanté, sourit le jeune homme en attrapant une crevette.
    - Moi de même ravie de te connaître, répondit Samantha troublée.
    Elle était quasiment certaine de le reconnaître :
    - On ne s’est pas déjà rencontrés quelque part ? demanda-t-elle le sourcil levé.
    - Impossible de l’affirmer mais je suppose que non. Je fais peut-être erreur…
    - Ne t’en fais pas juste une troublante impression de déjà vu.
    Genma la regarda du coin de l’œil avec étonnement. Elle précisa en se resservant en langoustines :
    - J’ai trouvé indélicat de vous en faire part en l’absence de Samantha mais elle souffre d’amnésie depuis dix ans. Au delà de ses sept ans elle ne se souvient de rien à propos de son enfance.
    Cette déclaration jeta un froid. Tous les regards se tournèrent vers Samantha qui rougit légèrement :
    - C’est ce que la plupart des psychiatres ont diagnostiqué pour rassurer ma mère mais je ne suis pas sûre que ce soit exactement ce dont je souffre. Il y a fort à parier que j’ai fait une expérience de mort imminente.
    - En effet cela expliquerait tes cauchemars, supposa Genma en se décalant pour lui permettre de s’asseoir.
    - Quoi ! J’ai encore parlé pendant mon sommeil ? demanda Samantha.
    - Pas du tout, tu n’as pas à t’inquiéter de ce côté là. Par contre je n’avais jamais remarqué que tu portes une cicatrice au niveau de la nuque qui court tout autour de ton cou. Qu’est ce qui t’est arrivé ? Serait ce la raison pour laquelle tu as arrêté de pratiquer la voile ?
    - Je n’ai jamais pris de cours de voile.
    - En es-tu certaine ? Pour une débutante tu es plutôt douée dans le domaine.
    - C’est parce que j’ai appris dans les livres en compensation de prendre des cours ce que Mère m’a constamment interdit.
    - Tu ne t’es jamais demandé pourquoi ? intervint Riotaka médusé.
    Samantha ne répondit pas et baissa les yeux :
    - Peut on parler d’autre chose ? C’est un moment dur de ma vie dont je n’aime pas me rappeler…
    Soudain un courant mouvementé fit basculer le bateau et Samantha trembla de frayeur en se cramponnant solidement  à la table en face d’elle.
    Une expression teintée de peur se peignit sur son visage lorsque des images effrayantes de son accident en mer lui revinrent en mémoire. Elle se recroquevilla sur elle-même en proie à une crise d’angoisse qui la prit au dépourvu.
     
    - N’aie pas peur.
    La mer était redevenue calme ; elle reprit contenance en acceptant le verre d’eau fraîche que Riotaka lui tendait. Elle le but à petites gorgées en reprenant ses esprits. Sans s’y attendre elle se retrouva en tête à tête avec Riotaka, Genma et Samia étant parties discuter sur le trampoline afin de vérifier la position des voiles et des safrans.
    - Tu as seulement dix sept ans mais tu as l’air d’avoir beaucoup enduré, lui fit remarquer Riotaka.
    Samantha regarda tristement son reflet au fond du verre :
    - C’est vrai je n’ai pas eu une adolescence facile. Mais j’ai au moins le mérite d’avoir surmonté les épreuves qui se sont présentées à moi même si je ne suis pas devenue celle que j’aurais voulu être en grandissant. Devenir la parfaite jeune bourgeoise ne m’intéresse pas le moins du monde. Je veux voyager, découvrir de nouveaux horizons… mais malheureusement je reviens à la case départ et je n’aurais plus jamais l’opportunité de sortir du carcan social de mon milieu.
    - Et si tu décidais de tout plaquer ?
    - Ce n’est pas si facile. Catherine Duval m’a quand même sauvé la vie et je ne pourrais jamais suffisamment la remercier pour ce geste. Je ne demande qu’à voler de mes propres ailes mais elle ne me permettra jamais pour me punir de ma tentative de fugue. Une princesse dans une prison dorée voilà ce que je suis devenue et ce que je vais rester pour toujours. Utopia, la cité où tous vos rêves deviennent réalité… ce n’est pourtant qu’une légende, comment ai-je pu être aussi naïve ?
    - La cité des rêves n’est peut-être qu’une légende que les navigateurs se transmettent de génération en génération mais on raconte qu’elle a le pouvoir d’exaucer le vœu le plus cher de celui ou celle qui ose partir à l’aventure en quête de soi sans savoir où aller.
    - J’ai du mal à croire à ces choses là mais c’est un drôle de hasard du destin que je me trouve à bord de ce bateau même si je me doute que c’est en partie grâce à Genma.
    Riotaka se mit à rire :
    - De quoi tu te plains ? A l’heure qu’il est vous serviriez sûrement de dîner à un banc de poissons six pieds sous l’Atlantique si on ne vous avait pas porté secours.
    - Ce n’est pas ce que je voulais dire. La mer doit me détester, cela fait la deuxième fois de ma vie que je suis victime d’un dessalage qui aurait pu m’être fatal.
    - Si tu cherches les accidents tu les trouves. Le triangle des Bermudes n’est pas la région la plus hospitalière de l’interface atlantique tout de même !
    - Ce n’est pas drôle !
    - Mieux vaut en rire qu’en pleurer… L’essentiel est que tu sois en vie.
    Gêné il reprit sur un ton plus sérieux :
    - Moi non plus mon adolescence n’a pas été rose bonbon. J’ai été profondément marqué par la perte de ma grande sœur il y a dix ans de cela. Elle aussi elle a eu un grave accident de catamaran mais contrairement à toi elle n’a pas survécu. Et j’ai mis très longtemps à faire mon deuil. Disons que maintenant j’essaye de voir la vie du bon côté pour éloigner l’angoisse et la tristesse. Nous étions quasiment devenus inséparables …
    On formait une belle équipée avec Ino, elle et moi.
    - Ino ?
    - C’est mon meilleur ami, Inoichi Takeshi. Je te le présenterais lorsqu’on sera arrivés, il travaille comme bénévole à la base nautique d’Izigny cet été.
    - Mais j’habite justement là bas ! Je l’ai probablement déjà croisé.
    - Ce n’est pas possible car chaque année il vient seulement l’été depuis Brest pour travailler à la base nautique au mois de juillet avant de partir en vacances en Corse avec ses parents.
    Il se leva et s’empara d’un album de photos de vacances posé sur le rebord du hublot. Il l’ouvrit à la première page et le lui tendit :
    - Tiens regarde là c’est nous trois sur la plage avant notre premier stage de catamaran.
    Le cliché montrait les figures rayonnantes de trois enfants habillés de combinaisons de plongée flambant neuves. Avant que Riotaka ne lui indique à qui correspondait tel ou tel visage elle reconnut d’instinct celui d’Inoichi. Sa lèvre inférieure trembla lorsqu’elle croisa le regard espiègle de la grande sœur de Riotaka au centre du cliché. C’était incroyable, à la fois fascinant et troublent de voir qu’elle ressemblait trait pour trait à la fillette qu’elle entrevoyait dans ses cauchemars. Intriguée Samantha n’osa pas poser davantage de questions et rendit l’album photo à Riotaka avec un sourire. Il lui sourit en retour et elle réalisa qu’il avait compris la nature du sentiment d’incompréhension qu’elle ressentait lorsqu’il la regarda différemment, non pas avec curiosité mais étonnamment avec compassion.
     
    Josette prit son service à onze heures comme d’habitude et alla chercher un chiffon et une bouteille de produit à vitres à la cave. Catherine Duval était sortie faire un golf avec ses amies pour se changer les idées et sa femme de ménage en profita pour examiner le tiroir toujours soigneusement fermé à clé du guéridon du vestibule dont elle avait subtilisé la clé grâce à un moment d’inattention de sa maîtresse lorsque celle ci vérifiait son maquillage avant de sortir. A sa grande surprise elle y trouva un porte-carte en cuir usé dont elle avait jusqu’à présent ignoré l’existence. Sa curiosité piquée au vif elle l’ouvrit avec précaution et découvrit à l’intérieur des papiers d’identité au nom de Natsuhiko Gekko.

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  • The presidential palace was highly securized and incredibly luxurious. Apart from the President’s huge collection of masterpieces exhibited on the walls the most impressing was the patio imagined like an ocearium from which Sam Suung and Maa Kintoche could admire beautiful undersea sceneries.
    It bothered somehow Sam Suung when she realized the President would have never gone out his palace to face reality:
    - May I help you? The President’s secretary politely inquired.
    - We have business with the President, Maa Kintoche announced.
    - Wait here I’ll take you to him as soon as possible.
    They didn’t have to wait long. With courtesy the President welcomed them in his main office inviting them to sit. Maa Kintoche did but Sam Suung stepped back when she saw the “Shovel of Death” on the desk.
    - Don’t be afraid, it’s not a trap.
    In spite of his friendly smile Sam Suung was intimidated. Unwillingly, she blushed when he looked strongly at her expecting her to sit according to his orders. She obeyed steadily with resignation:
    - What is the “Shovel of Death”??
    - I ask the questions and you answer it.
    - I’ll forever make you to regret your crime if he died!
    -How dare you talk back to me? Do you know where you stand right now? The President shouted.
    Sam Suung stood up:
    - Don’t twist my words!
    - Know of your place and show more respect to your elders,, we will never be equals!
    - I am who I am!
     -There must be a misunderstanding between us. I don’t accuse you of being a Lonesome, it’s a way of life that fits perfectly your revolted personality. I’m just expecting you to be more mature and more respectful as you’re becoming an adult.
    - That’s not it. Because of you I’ve already suffered so much…
    - Oh my… Someone must have told you but who?
    - Huh?!?
    - Don’t be naïve, with the famous “Mad Hatter” always by your side it was very easy deducing who you are. Now you can’t run away I’ve called the security before your arrival just in case you’d intend anything to escape the palace.
    - We… We were supposed to talk about the “Shovel of Death”!
    - It was a nice excuse to force you to come here. I’d like to make an offer to both of you, he explained looking at Maa Kintoche.
    - What is it?! They exclaimed.
    - Your dearest wish will be granted within three days only if you manage well the following task for me.
     
    The sea has turned to the darkest navy blue when they finally could leave. They remained silent while they were heading back to Moto Rorola’s mansion. Out of energy  Maa Kintoche called a cab as soon as Sam Suung has entered in the house.
    In the dark she went swiftly upstairs: Moto Rorola and Nokira were already sleeping in the guest room near Sempaï’s bed. He hadn’t fully recovered yet, still bedridden. She gently landed a hand over his forehead to ensure he hasn’t caught a cold.
    - Forgive me.
    His voice was so light and so weary; Sam Suung closed the curtains and sighed:
    - It’s all by my fault.
    - I don’t think so…
    - If I hadn’t let Maa Kintoche to enter in the house, nothing would have happened!
    - In any case, whether he did or not, it had to happen because Al Cartel has been aiming to put us out of harm’s way since he realized I know much more about him than he would ever expected.
    - What do you mean?
    - Let’s sleep for now it was a hard day for us all.
    She nodded:
    - Goodnight.
     
    The moon was full. Somewhere on earth Ashley went outside the nuclear shelter to walk alone along the seaside beneath the starry sky. From the top of the hill she stared at Society’s city lights shining underseas.
     
    Unable to sleep Maa Kintoche turned on his laptop and wandered on the Web searching information about Sam Suung. There were only a few matches, mostly classified which intrigued him. One of the fully available pages were a list of her articles. The first one whose title was “Year 0” caught his eye and he clicked on it.

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