• 07. Douce folie:

    Tétanisé Dave se figea à mi-chemin entre son lit et sa kitchenette, se laissa tomber sur l'accoudoir de son vieux fauteuil:- Pourquoi?- Je ne peux rien te dire sans nous mettre tous les deux en danger.- Toi alors! Tu ne changeras donc jamais, tu m'as dit exactement la même chose lorsqu'on s'est séparés après la terminale. Qu'entends tu par là?Je ne trouvais rien à répondre et me détournai pour aller préparer un semblant de petit déjeuner. La cafetière en main je le sentis approcher dans mon dos:-T'es une sacrée tête de mule mais je t'aime bien, me murmura t il à l'oreille en me massant les cheveux.Il me força à lui faire face et s'agenouilla doucement à mes pieds:- Je ne suis ni un super-héros ni un prince charmant juste moi. Ce"moi" voudrait tout simplement t'aimer car il t'accepte toute entière, comme tu es...- Arrête! l'interrompis-je brusquement. Arrête avec tous ces bons sentiments! On est faits l'un pour l'autre cela est indéniable mais reviens sur terre: tu es dealer, je suis fille de flic. J'admets volontiers qu'il n'est pas impossible de dépasser ces contraintes sociales mais on ne vit pas dans un monde rose bonbon: pour ta gouverne mon père cherche déjà à me marier pour que je quitte enfin le giron familal. Il a toujours voulu maîtriser la moindre parcelle de mon existence...Se relevant il m'ouvrit les bras; étroitement blottie contre lui je sentis lentement exploser la carapace que j'avais érigée autour de mon coeur pour supporter le contre-coup de cette séparation forcée:- Aide moi... j'en ai assez de cette vie réglée colmme du papier à musique. Je veux être libre. Je veux t'aimer. Je veux vivre.Enfin débarrassée de mon cocon je suis passée de l'état de chenille à celui de papillon.Détendue et soulagée d'avoir finalement confié ce que j'ai sur le coeur à quelqu'un.Pourvu que cela dure. Des coups frappés à la porte; brutale la réalité nous rattrape au galop:- Ouvrez! Emilie, je sais que tu es là!Mon père. Je réfléchis à toute vitesse mais ne trouve aucune diversion valable.- Va te cacher sur le balcon! siffla Dave en me poussant vers la fenêtre.
    Je déboule sur la minuscule terrasse. Un coup d'oeil en contrebas et j'apercois l'essaim de voitures de police des renforts mobilisés garées en double file sur le boulevard toutes sirènes hurlantes.
    Lorsque je remarque que l'un des collègues de mon père regarde vaguement vers le balcon je bats aussitôt en retraite mais trop tard: il m'a repérée son talkie walkie collé à l'oreille.
    En désespoir de cause je lui fais signe de raccrocher mais il secoue vivement la tête en remuant silencieusement les lèvres. Je suis incapable de voir d'ici ce qu'il articule mais je devine aisément ses intentions:" Maintenant tu ne peux plus échapper à ton destin".
    Piégée je me retourne vers la porte-fenêtre restée entrouverte prête à affronter mon père quand je vois Dave me regarder avec tristesse campé sur le pas de la porte la main posée sur la poignée:
    - Là où on s'aime il ne fait jamais nuit, chuchota t il pour que je sois la seule à l'entendre.
    Alors il déverouilla la chaîne et tourna la poignée:
    -Ne fais pas ça, ou tu vas le regretter! l'exhortai-je.
    Au lieu de suivre mes conseils il me tourna le dos et ouvrit. Aussitôt il fut encerclé et mon père le menotta solidement:
    - DAVID!! hurlais je en bondissant en avant les bras tendus.
    Mon père fit signe à l'un de ses sbires qui parvint difficilement à me maîtriser.
    J'eus à peine le temps de remarquer qu'il portait une blouse blanche avant de perdre connaissance.


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